En 1961, en pleine Révolution tranquille, le gouvernement libéral de Jean Lesage créait l'Office de la langue française. Il avait pour objectif d'améliorer le français parlé et écrit au Québec, menacé par l'omniprésence de l'anglais. La linguiste Marie-Éva de Villers raconte l'histoire de l'organisme, renommé Office québécois de la langue française en octobre 2002.
Créé au même moment que le ministère des Affaires culturelles, l’Office de la langue française dispose au départ d’un effectif modeste de trois personnes. Il cherche à établir les normes du français québécois, tout en tenant compte des canadianismes.
Des publications pour aider à mieux parler et à lutter contre les anglicismes
Afin de remplir sa mission, l’Office de la langue française publie dans ses premières années d’existence un bulletin, Mieux dire, et des ouvrages recommandant l’adoption de vocabulaires dans différents domaines (assurances, élections, automobile, etc..). Il diffuse aussi le recueil Les canadianismes de bon aloi, où les mots « atoca », « fin de semaine », « poudrerie » et « huard » sont notamment répertoriés.
Au moment de la sortie de ses premiers lexiques, l’Office tente de combattre les anglicismes. Au Québec, l’influence de la langue anglaise est alors présente dans toutes les sphères d’activité.
Les grands chantiers de terminologie
En 1970, le gouvernement de Robert Bourassa réoriente le mandat de l’Office, qui doit dès lors travailler à faire du français la langue de travail. Sous la direction de Jean-Claude Corbeil, de jeunes linguistes recrutés par l’organisme travaillent à franciser les différents secteurs économiques, le langage technique et la langue spécialisée.
Marie-Éva de Villers compte parmi les jeunes diplômés engagés par l’Office. Jusque dans les années 1980, elle participe aux grands chantiers de terminologie mis en place. Son rôle est de recommander les termes à privilégier en comptabilité, en gestion ou dans les conventions collectives.
« L’Office nous a donné une conscience très importante, la conscience qu’il était légitime et possible de travailler en français au Québec. »
Franciser et trouver de nouveaux mots
En 1974, la Loi sur la langue officielle fait du français la seule langue officielle du Québec. Puis, en 1977, le Parti québécois adopte la Charte de la langue française, connue sous le nom de la loi 101, qui modifie la place donnée au français dans l’espace public et rend l’apprentissage du français obligatoire pour les immigrants.
Les lois linguistiques des années 1970 renforcent le rôle important qu’a l’Office de la langue française pour franciser des mots anglais et pour trouver de nouveaux mots. « Courriels », « pourvoiries » et « dépanneurs » comptent parmi les termes créés par l’organisme, qui s’emploie aussi à féminiser les appellations de personnes.