Parties de rien, les femmes surnommées les grandes horizontales se sont retrouvées à la tête d'hôtels particuliers et de domestiques grâce à leurs protecteurs, de très riches Européens. L'historienne Evelyne Ferron décrit l'univers de ces demi-mondaines de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle.
Pour gravir les échelons de la société, les grandes horizontales doivent être belles, intelligentes et coquines, et savoir tenir un salon. Surtout présentes à Paris, elles se font souvent connaître au théâtre ou dans de grands cabarets, comme aux Folies Bergère ou au Moulin Rouge.
Des « trophées » qu’on pavane dans les rues
Les protecteurs des demi-mondaines se promènent ouvertement à leur bras à Paris, une ville où les mœurs libérales font partie de la vie sociale. Ils entretiennent ces femmes d’une beauté exceptionnelle en échange de services sexuels, mais aussi pour montrer leur richesse. Ils leur donnent ainsi de nombreux bijoux pour faire paraître leur fortune.
Des femmes puissantes, parfois entremetteuses
Les grandes horizontales côtoient des hommes puissants, des politiciens, des nobles ou de riches industriels. Cette proximité leur donne un grand pouvoir d’influence. La renommée de leur beauté peut parfois même leur permettre de se promener d’un homme à l’autre. Elles deviennent alors, en quelque sorte, des entremetteuses professionnelles.
L’une des grandes horizontales célèbres, Apollonie Sabatier, inspire certains poèmes de Baudelaire dans Les fleurs du mal. De son côté, Caroline Otero atteint la renommée grâce à sa participation comme danseuse à l’un des premiers films de l’histoire du cinéma.
Certaines demi-mondaines jouent un rôle politique. C’est le cas de Virginia de Castiglione, une espionne italienne envoyée en France par Victor-Emmanuel II pour devenir la maîtresse de l’empereur de Napoléon III. Par son charme, elle cherche alors à favoriser l’indépendance de l’Italie.
Après la gloire, le déclin
Au bout de 10 ou 15 ans de gloire, les grandes horizontales plongent souvent dans une misère noire, abandonnées de tous. Plusieurs gèrent difficilement leur argent. C’est le cas de Caroline Otero, qui obtiendra une pension du Casino de Monte-Carlo après s’être ruinée au jeu.