Célèbres dans le monde entier dès leur naissance, les sœurs Dionne ont été retirées de leur famille par le gouvernement ontarien. Entre 1935 et 1945, elles ont été montrées comme des bêtes de cirque à des millions de touristes. La professeure d'histoire à l'Université du Québec à Montréal Magda Fahrni raconte la triste enfance de ces quintuplées identiques.
Annette, Cécile, Émilie, Marie et Yvonne Dionne voient le jour le 28 mai 1934, à Corbeil, dans le nord de l’Ontario. Leurs parents, Oliva et Elzire Dionne, ont déjà cinq enfants.
La nouvelle de la naissance des quintuplées fait le tour du monde. Au départ, personne ne s’attend à ce qu’elles survivent plus que quelques jours. Rapidement, les jumelles deviennent une forme de divertissement. On suit leur évolution dans les journaux et à la radio.
L’exploitation commerciale des sœurs Dionne
Peu de temps après la venue au monde des quintuplées, leur père signe un contrat avec un promoteur de Chicago pour les exposer dans une foire. Cette entente déclenche un tollé dans les médias. Par la suite, le gouvernement ontarien décide de mettre sous tutelle les cinq sœurs, soi-disant pour protéger leur santé. La mesure est sans précédent, si l’on ne tient pas compte des enfants autochtones élevés dans des pensionnats.
Quintland, un zoo humain
Les jumelles sont élevées entourées d’infirmières et de médecins dans une sorte de laboratoire, appelé Quintland. On les y expose aux visiteurs plusieurs fois par jour. En un peu moins de 10 ans, les quintuplées auraient ainsi rapporté un demi-milliard au gouvernement de l’Ontario.
Les sœurs Dionne deviennent objets de souvenir. Leur image est reproduite sur des cartes postales, des calendriers ou des tasses. Elles figurent aussi dans des publicités de dentifrice, de savon, de shampoing ou de vaccination.
Au cours de leurs années à Quintland, les jumelles Dionne souffrent d’un manque d’affection et d’amour. Leurs parents, qui habitent en face de Quintland, doivent prendre rendez-vous pour voir leurs enfants.
« On peut en tirer des leçons sur comment ne pas traiter des êtres humains. »
Le père conteste pendant de longues années, devant les tribunaux, le fait qu’on lui a enlevé la garde. Il finit par gagner, mais la réunification familiale se fait difficilement.
L’Ontario présente ses excuses
Dans les années 1980 et 1990, il y a eu une reconnaissance sur la maltraitance faite aux quintuplées. En 1998, le gouvernement de l’Ontario offre ses excuses et une importante compensation financière aux trois sœurs Dionne toujours vivantes.