Le règne du premier ministre Paul Sauvé a été bref – 112 jours –, mais le numéro deux de Maurice Duplessis a marqué le Québec à sa manière. L'historien Jonathan Livernois nous parle de ce politicien qui a marqué les esprits.
Paul Sauvé naît en 1907 à Saint-Benoît (Mirabel). Son père, Arthur Sauvé, est maire, député de 1908 à 1930 et chef du Parti conservateur du Québec en 1922. Lorsqu’il est nommé ministre fédéral en 1930, son fils Paul remporte l’élection de son siège; il a 23 ans.
Paul Sauvé joue un rôle actif dans la création de l’Union nationale. Lorsque Maurice Duplessis constate que le Parti conservateur se porte mal au Québec, il décide de l’unir à l’Action libérale nationale. L’Union nationale est créé en 1935 et Paul Sauvé, à 29 ans, est nommé président de la Chambre.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le futur premier ministre participe au débarquement de Normandie. « Son héroïsme impressionne beaucoup », affirme Jonathan Livernois. Même en étant au front, il est réélu en 1944.
Paul Sauvé revient sain et sauf de la guerre et devient ministre du Bien-être social et de la Jeunesse. À cette époque, le ministère de la Jeunesse est celui qui se rapproche le plus de celui de l’Éducation, et Paul Sauvé gère l’enseignement technique et professionnel. « En 1959, quand il deviendra premier ministre, Paul Sauvé aura agrandi 23 écoles techniques et en aura fait construire 47. […] C’est déjà le début d’une certaine réforme de l’éducation au Québec », indique Jonathan Livernois.
En 1956, l’Union nationale est réélue. Par contre, Maurice Duplessis meurt le 7 septembre 1959. Paul Sauvé lui succède quatre jours plus tard. « La question ne se pose pas vraiment : Paul Sauvé est le successeur, il est vu depuis longtemps comme le dauphin de Duplessis », fait remarquer Jonathan Livernois.
Un mot célèbre
Paul Sauvé est devenu célèbre lorsqu’il a employé le terme « désormais ». « C’est devenu un peu le mot d’ordre de ces 100 jours », explique Jonathan Livernois tout en précisant le mythe qui entoure l’apparition de ce terme : « Désormais, nous allons faire les choses différemment. »
Chose certaine, Paul Sauvé se distingue de Maurice Duplessis en changeant de style, en dévoilant une certaine ouverture avec les journalistes, que Duplessis méprisait souverainement, et en débloquant du financement pour les universités.
Le 2 janvier 1960, à 52 ans, à la surprise générale, il meurt d’une crise cardiaque chez lui. Jonathan Livernois décortique le fait qu’il soit réellement le père de la Révolution tranquille comme des spécialistes l’affirment.