Chaque année, les chutes de Niagara Falls attirent en moyenne 14 millions de visiteurs. Depuis plus de 200 ans, cette ville ontarienne est aussi la capitale mondiale de la lune de miel. L'historien Serge Dupuis raconte comment cet endroit est devenu un lieu mythique et le royaume du kitsch.
Formées il y a 14 000 ans, les chutes du Niagara permettent au lac Supérieur de se déverser dans l’océan par la rivière du même nom. Pour les Autochtones, ce lieu est symbolique, et Niagara voudrait dire « le tonnerre d’eau » ou « là où la rivière rétrécit ».
Les Français y érigent un fort au début du 18e siècle, parce que c’était un lieu de portage pour rejoindre les lacs Érié, Huron, Michigan et Supérieur. À partir de 1825, les navires peuvent passer par le canal Érié pour accéder à ce grand lac et, en 1855, au lac Supérieur.
Au début du 19e siècle, des personnes tentent de réaliser des exploits ou des cascades dans les chutes du Niagara. « L’exploit le plus connu est celui de Charles Blondin qui, le 30 juin 1859, a sauté sur une corde […] On disait qu’il a marché 150 verges », rappelle Serge Dupuis. En 1912, ces cascades sont interdites à la suite d’accidents et de morts.
Les nouveaux mariés
On ne sait pas exactement quand les chutes du Niagara sont devenues une destination prisée pour les lunes de miel, mais au 19e siècle, des conflits surviennent déjà entre des entrepreneurs qui cherchent à exploiter le lieu à des fins commerciales, alors que les environnementalistes de l’époque veulent le conserver. « C’est d’ailleurs le premier parc provincial qui est créé au pays, en 1885 », précise Serge Dupuis.
La fréquentation des lieux explose aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale avec la prolifération de l’automobile individuelle et des routes. « On permet [le] développement des motels, des restaurants et aussi des attractions un peu loufoques, comme le musée de cire de Louis Tussaud. » La ville se développe de manière chaotique. Le mauvais goût cache la dimension naturelle des chutes.
En terminant, Serge Dupuis précise quels efforts sont mis de l’avant pour redorer le blason de la région ainsi que pour mettre le patrimoine architectural et culturel de l’avant.