En 1948, Gratien Gélinas a offert au public sa pièce Tit-Coq. Ce succès immense constitue un moment décisif dans l'histoire du théâtre québécois. L'autrice et historienne Anne-Marie Sicotte nous entretient de cet artiste marquant, décédé en 1999, qui est son grand-père maternel.
Quand Gratien Gélinas écrit la pièce Tit-Coq, il est une vedette au Canada. « Il décide qu’il est temps d’offrir au Québec une pièce en trois actes, comme on les appelait alors. Et de doter le Québec d’un début de dramaturgie », raconte Anne-Marie Sicotte. À cette époque, les traductions de pièces américaines, et le cinéma américain et européen sont omniprésents.
Ses débuts
Gratien Gélinas découvre le théâtre au collège et fait ses débuts professionnels de comédien à la radio, un média très populaire dans les années 1930. « Il avait une sorte de nervosité, en même temps de solidité et aussi d’humanité qui plaisait beaucoup », décrit Anne-Marie Sicotte.
En 1937, on lui propose sa propre émission, jouée devant public en direct. Il crée alors le personnage de Fridolin, « un gavroche montréalais ». « Dès les premières semaines, Gratien [Gélinas] se rend compte qu’il a un potentiel. »
Dès février 1938, il produit la revue Fridolinons, qui devient annuelle. En 1942 et en 1943, la revue est de plus en plus populaire et rentable. Des producteurs américains lui proposent de l’amener sur Broadway, mais Gratien Gélinas la trouve trop ancrée au Québec. « Quand il arrête les revues, c’est aussi pour écrire une pièce qui pourrait être traduite éventuellement et envoyée sur Broadway », précise Anne-Marie Sicotte. C’est ainsi qu’il crée Tit-Coq.
Le personnage principal, joué par Gratien Gélinas, est un conscrit qui part pour la guerre et en revient. « Le principal propos, c’est de dénoncer les profiteurs de la guerre », résume Anne-Marie Sicotte. En 1951, Tit-Coq devient la première pièce canadienne jouée à Broadway. « Malheureusement, la critique n’est pas très bonne », rappelle l’historienne. Même si le succès se confirme à Montréal, à Ottawa, à Toronto et à Chicago, Gratien Gélinas est fortement affecté par cet échec critique.
La Comédie canadienne
Vers 1955, l’acteur et dramaturge se remet sur pied en fondant la Comédie canadienne, l’actuel Théâtre du Nouveau Monde (TNM). Pour la rentabiliser, des spectacles de chanson y sont présentés, jusqu’à l’ouverture de la Place des Arts.
En terminant, Anne-Marie Sicotte raconte comment Gratien Gélinas était pris d’un « immense besoin d’amour » et elle fait le point sur l’importance de son patrimoine dramaturgique.