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Crise du saumon de Restigouche : les Micmacs bafoués dans leurs droits ancestraux

Maxime Coutié anime Aujourd'hui l'histoire.
La crise du saumon racontée par Serge Bouchard

Crise du saumon de Restigouche : les Micmacs bafoués dans leurs droits ancestraux

La crise du saumon racontée par Serge Bouchard

Un Micmac est arrêté par deux policiers de la Sûreté du Québec
En juin 1981, des policiers de la Sûreté du Québec procèdent à l'arrestation de pêcheurs micmacs, à Restigouche.PHOTO : Les événements de Restigouche / Office national du film du Canada
Maxime Coutié anime Aujourd'hui l'histoire.
Aujourd'hui l'histoirePublié le 26 octobre 2017

En juin 1981, la Sûreté du Québec a mené une intervention policière musclée pour tenter d'imposer de nouvelles restrictions de pêche aux Micmacs du village de Restigouche, en Gaspésie. L'anthropologue Serge Bouchard décrit le contexte de ce raid, qui constitue un tournant dans l'obtention des droits de pêche au saumon par les Autochtones.

Durant des siècles, les Micmacs se sont réunis l’été au bord de la rivière Ristigouche pour pêcher le saumon. Or, sous prétexte de prévenir un déclin des populations de ce poisson, l’Acte des pêcheries de 1858 a cédé les droits de pêche à de riches sportifs.

Pendant 120 ans, les Micmacs ont donc pu pêcher seulement sur une partie de la rivière Ristigouche. Pourtant, la pêche commerciale avait cours au Nouveau-Brunswick, et du côté du Québec, une des plus belles rivières de saumon atlantique en Amérique du Nord est réservée à l’élite américaine ou canadienne.

Une scandaleuse intimidation
En 1981, il n’y a donc pas de reconnaissance explicite des droits autochtones ancestraux dans le domaine de la chasse et de la pêche de subsistance. Le gouvernement québécois de René Lévesque demande alors aux Micmacs de Restigouche d’enlever leurs filets de l’estuaire de la Ristigouche.

Comme les Micmacs ne répondent pas à l’appel des autorités provinciales, environ 500 policiers venus de Québec ou de Montréal débarquent à Restigouche. Ils interviennent avec force contre les quelque 150 pêcheurs, car ils soupçonnent que la communauté micmaque pourrait réagir avec violence.

« Ils sont venus dans le village. Ils ont bousculé les gens. Ils ont menotté ceux qui pêchaient. Ils ont détruit les filets. Ils ont battu des personnes. Ils ont appelé nos femmes des bâtardes, des putains. Ils ont pissé devant les gens, devant les enfants. »

— Une citation de  Alanis Obomsawin, cinéaste

La riposte des Autochtones
Les événements de Restigouche obtiennent une couverture médiatique importante et sensibilisent une partie de la population aux revendications autochtones. Le gouvernement péquiste réalise qu’il ne peut agir de façon unilatérale pour imposer ses lois aux Micmacs.

C’est le début d’un mouvement dans les communautés autochtones. Des Innus lèvent des barricades sur la Côte-Nord, et la Commission des droits de la personne se mêle à la crise. Puis, avec la Constitution de 1982 et des jugements de cour, les Premières Nations retrouvent finalement le contrôle de leurs rivières.

« C’était une répétition générale de la crise d’Oka : les médias, un problème de fond mal compris par tout le monde, une intervention de force et un potentiel de catastrophe. »

— Une citation de  Serge Bouchard, anthropologue

Les événements de Restigouche, un film d’Alanis Obomsawin sorti en 1984 :