Pendant plus de 100 ans, la famille Livernois a été une référence en matière de photographies. L'historienne de l'art Hélène Samson nous parle de cette dynastie familiale qui occupe une place centrale dans l'histoire de Québec.
Au milieu du 19e siècle, Québec est « une ville de prestige ». Jusqu’en 1840, c'est la capitale de la colonie canadienne et un important centre d’exploitation du bois et de construction navale.
Jules-Isaïe Livernois est destiné au métier d’agriculteur, mais il désire plutôt se lancer en affaires. Il va à Québec et rencontre Élise L’Heureux, la fille d’un cordonnier de la Basse-Ville, puis l'épouser. Il lance plusieurs petits commerces et se rend même en Californie pour la ruée vers l’or en 1853.
Pendant ce temps, Élise L’Heureux explore la photographie. Lorsque Jules-Isaïe Livernois revient de Californie, il est fauché et malade. En 1855, il ouvre une librairie. C’est alors que sa femme propose ses services de photographe. Jules-Isaïe Livernois liquide sa librairie en 1857 pour faire de la photographie avec sa femme. « Ils vont faire des choses formidables; ils vont être très dynamiques », fait remarquer Hélène Samson.
Jules-Isaïe Livernois meurt en 1865 à seulement 35 ans. Élise L’Heureux poursuit les activités de l’entreprise. En 1866, elle embauche son gendre, Louis Bienvenu. Talentueux, ce dernier se spécialise en photo extérieure, tandis qu’Élise L’Heureux se consacre au studio.
Dès qu’il est prêt, son fils Jules-Ernest prend les rênes de l’entreprise. Le studio est alors à son apogée : « On photographie de tout : le portrait demeure comme commerce de fond, mais il est d’une très grande qualité », rappelle notre invitée.
Vers 1898, Jules-Ernest Livernois cède le studio à son fils Jules. « L’entreprise est immense. […] Elle a une réputation et une clientèle qui font que Jules va continuer sur cette lancée. »
Après la mort de Jules Livernois, en 1952, des changements techniques surviennent avec la « révolution Kodak ». Les Livernois s’adaptent en vendant des produits de développement photographique. Plus encore, le studio, qui offre des produits pharmaceutiques en gros depuis 1893, bonifie son offre en la matière. « Jules est un excellent gestionnaire », raconte Hélène Samson, mais le déclin des studios de photographie est amorcé.
En terminant, Hélène Samson rappelle l’importance de la famille Livernois dans l’industrie photographique et leur legs historique. « Québec a la chance d’avoir eu les Livernois », dit-elle.