Nationaliste et panafricaniste, Patrice Lumumba s'est battu pour l'indépendance du Congo avant de connaître une fin tragique. Pour Lomomba Emongo, chercheur invité à l'Université de Montréal, « c'est le Noir fondamental de l'indépendance africaine ».
Patrice Lumumba naît au Congo en 1925 alors que le roi Léopold II et la Belgique s’arrogent toutes les ressources du pays depuis 1904. Il fait des études dans ce système colonial. Difficilement, il gravit les échelons de la société en recevant un « certificat » prouvant qu’il est assimilé à la culture belge.
Exprimant son insatisfaction à l'égard de cet état civil, il est arrêté et mis en prison. Il y lit le Manifeste de conscience africaine, écrit par des intellectuels de la capitale qui réclament l’indépendance du pays.
Une fois libéré, Patrice Lumumba s’installe à Léopoldville. Il y intègre le groupe nationaliste chrétien du cardinal Joseph-Albert Malula et propose d’en faire un vrai parti politique, qui devient le Mouvement national congolais (MNC). Ce parti vise à réaliser l’unité nationale, un objectif qui inquiète les Belges et les Occidentaux.
À la surprise générale, la Belgique annonce l’indépendance du Congo en janvier 1960. Celle-ci est proclamée le 30 juin 1960. Quelques jours plus tard, le pays sombre dans le chaos.
Patrice Lumumba ne peut gouverner le pays, bien qu'il soit premier ministre. Jouissant de l’appui du président Joseph Kasa-Vubu, il demande l’aide de l’Organisation des Nations unies (ONU) ou de n’importe quel pays, dont l’Union soviétique.
« Le prétendu monde libre ne pouvait pas laisser partir le Congo dans le giron communiste », explique notre invité. Accusé de communisme, Patrice Lumumba devait « disparaître ». « C’était déjà décidé avant, mais là, on avait un prétexte ».
Le 5 septembre 1960, le président Joseph Kasa-Vubu démet son premier ministre, Patrice Lumumba. Le lendemain, celui-ci exige la démission du président. « Le troisième couteau apparaît : le lieutenant-colonel Joseph-Désiré Mobutu », raconte Lomomba Emongo. Le 14 septembre, l’armée prend le pouvoir et neutralise le président et le premier ministre. « En réalité, seul le premier ministre Patrice Lumumba est mis en résidence surveillée. » Ce dernier s’échappe, mais il est repris et tué.
Également au cours de cet entretien, Lomomba Emongo explique pourquoi on voulait faire disparaître Patrice Lumumba si rapidement et pourquoi son héritage est mitigé au Congo, même s’il est un héros pour des opprimés encore aujourd’hui.