Chez les Romains, le lit servait à dormir, à lire, à écrire, à manger et à recevoir. C'était avant l'apparition de la chambre à coucher, qui est récente dans l'histoire. L'ethnologue Pascal Dibie retrace l'apparition et l'évolution de cet espace privé.
Auparavant, les gens dormaient ensemble dans une pièce commune. Dans la société européenne rurale, les ouvriers dormaient dans les étables l’hiver, à plusieurs dans des lits.
Le terme « chambre à coucher » apparaît pour la première fois dans des plans architecturaux de Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris et d’immeubles haussmanniens.
« La chambre à coucher, généralement, était complètement au fond de l’appartement, et on n’y accédait pas facilement, au sens où elle était vraiment la représentation de tout le privé. […] En France, on ne montre jamais sa chambre à coucher. »
Dormir, une discipline
Les articles liés au sommeil sont culturels, selon Pascal Dibie. Par exemple, de la Scandinavie à l’est de la France, la culture de la couette prend forme. L’humain domestique l’eider pour utiliser ses plumes afin de fabriquer des édredons. « On dort nu sous la couette. »
En parallèle, de l’est de la France jusqu’en Égypte, c'est une culture du lin qui se met plutôt en place. « Tout l’Occident latin [est] une société qui dormait habillée au lit », précise l’ethnologue.
Le rôle de l’hygiène
Après l’adoption des principes de pasteurisation et d’hygiène du 19e siècle, la chambre à coucher est redéfinie comme un espace de 9 m2, où la tête du lit est tournée vers le nord, et le lit est disposé à 60 cm du mur pour éviter l’humidité. « Le sommeil est considéré comme un moyen très important pour récupérer le pouvoir moteur », indique Pascal Dibie.
Les toilettes sans odeur sont installées dans les demeures. « Petit à petit, on va s’enfermer à l’intérieur de chez soi avec la notion de pudeur, avec la notion de privé. » Des verrous sont même ajoutés aux portes de certaines pièces. Le mobilier prend aussi une importance accrue.
Également au cours de cette émission, Pascal Dibie nous apprend quand la notion de conjugalité est apparue et comment elle a modifié l’utilisation du lit par l’humain.