Fondés en 1915 par deux hommes, les Cercles de Fermières voulaient aider les femmes vivant dans les régions rurales à améliorer leurs conditions de vie. Rapidement, l'organisation est devenue la plus grande association de femmes au Québec. L'historienne Yolande Cohen nous parle de leurs origines.
En réalité, ce sont des femmes qui ont demandé aux agronomes Alphonse Désilets et Georges Bouchard de les rencontrer pour former les Cercles. « En demandant l’intervention du ministère de l’Agriculture, elles échappaient un peu à l’emprise de l’Église », rappelle Yolande Cohen.
Ces cercles essaiment rapidement dans le Centre-du-Québec. Ils contrent la solitude des femmes, leur permettent d’apprendre et d’aider la communauté. Ces échanges et ces apprentissages mènent à une économie domestique, qui devient les sciences familiales et nutritionnelles. Les expositions d’artisanat dans les foires agricoles font connaître leurs œuvres au public.
« On avait calculé que la production de lin qui était fabriqué par les Cercles de fermières dépassait la fabrication nationale du Québec. […] Leur grand livre Qu’est-ce qu’on mange? va devenir un best-seller. »
Indépendants du clergé
Les Cercles de Fermières accueillent à bras ouverts les aumôniers, qui participent à leurs réunions. En même temps, elles demandent des subventions au ministère de l’Agriculture, avec qui elles entretiennent des liens très importants. Dans les années 1940, l’Église les somme de choisir leur camp, mais elles refusent de rentrer dans une organisation paroissiale. « Elles veulent avoir des rapports équitables entre l’Église et l’État, et c’est elles qui décident », explique Yolande Cohen. Une scission a alors lieu : l’Union catholique des Fermières voit le jour.
Malgré cette scission, les Cercles de Fermières se maintiennent. Plus encore, l’Union catholique des Fermières décline et change de nom pour les Cercles d’économie domestique dans les années 1960.
Lors de la Révolution tranquille, les Cercles de Fermières sont perçus comme étant dépassés. Pire encore, durant les années 1970, ils sont victimes de la popularité du mouvement féministe égalitaire. « [Leurs membres] n’ont jamais défendu l’égalité entre les sexes. Elles sont pour la complémentarité des rôles », explique Yolande Cohen. « Pour elles, la priorité, c’est l’autonomie des femmes. » Malgré ces obstacles, les Cercles survivent. Depuis, ils ont transformé leur offre.
En terminant, Yolande Cohen explique comment les Cercles de Fermières ont ouvert la voie au mouvement féministe et fait le point sur leur relève en 2022.