En 1975, lors de la Commission d'enquête sur le crime organisé (CECO), le grand public a découvert l'étendue de la mafia montréalaise, qui contrôlait le trafic de drogue et d'alcool, les maisons de jeu et la prostitution. L'historien Luca Sollaï retrace les origines de cette organisation criminelle.
Au début des années 1900, la Main noire prend forme à Montréal et dans plusieurs villes. « C’est une organisation criminelle notoire de la pègre montréalaise, mais qui avait la particularité d’organiser des extorsions aux membres mêmes de la communauté italienne », résume Luca Sollaï.
La mafia apparaît à la fin des années 1910, lorsque le Calabrais Tony Frank se fait remarquer en faisant sauter une camionnette de la Banque d’Hochelaga dans le tunnel Ontario, tuant du même coup un garde.
La mafia italienne trouve un terreau fertile en Amérique du Nord lors du premier boom migratoire d’après-guerre. La crise agraire pousse bien des Italiens, surtout du sud, à migrer aux États-Unis. La ghettoïsation de ces Italiens mène à la reproduction de phénomènes criminels, comme la mafia, qui sévissait en Sicile. Ses membres s’installent à New York, à Chicago, à Toronto et à Montréal.
La mafia italienne s’impose durablement à Montréal à cette époque, surtout avec la famille Cotroni. « Le changement arrive au début des années 1950, quand la famille Bonanno de New York voit Montréal pratiquement comme un territoire propice à l’expansion de son réseau de pouvoir », décrit Luca Sollaï. Après quelques rencontres, Vic Cotroni impressionne la famille Bonanno, et celui-ci accepte sa présence à Montréal. Dans les années 1960, le niveau de criminalité se complexifie.
« On commence à organiser clairement dans cette période le trafic international d’héroïne, de drogues, qui partait de la Sicile, passait par la France par le port de Marseille, et arrivait par la distribution massive en Amérique du Nord par le port de Montréal. »
La charge gouvernementale
En 1972, le gouvernement de Robert Bourassa mène une grande offensive contre le crime organisé et met sur pied la Commission d’enquête sur le crime organisé (CECO). Cette commission fait mal au clan Cotroni. C’est là que Vic Cotroni promeut son lieutenant, Paolo Violi, numéro deux de la mafia, et que les tensions avec le clan Rizzuto apparaissent. La guerre entre les deux familles éclate. Paolo Violi est assassiné. La famille Rizzuto prend le pouvoir et le garde jusqu’à aujourd’hui.
En terminant, Luca Sollaï dévoile la structure de la mafia et comment elle s’est ouverte à d’autres types de criminalité.