Le sujet de l'avortement est revenu dans l'actualité récemment aux États-Unis. Selon plusieurs médias, la Cour suprême s'apprête à infirmer le jugement Roe c. Wade de 1973, qui assure une protection constitutionnelle au droit à l'avortement partout aux États-Unis. Au Canada, ce droit est protégé, mais la lutte pour l'obtenir a été longue, explique Louise Desmarais, militante pour le droit à l'avortement.
En 1969, la loi omnibus du premier ministre Pierre-Elliott Trudeau met fin aux avortements clandestins qui avaient cours depuis 100 ans. « Toute la contraception était dans le Code criminel, rappelle Louise Desmarais, et l’avortement était interdit, peu importe le motif. »
La lutte pour le droit à l’avortement commence après l’adoption de cette loi. Un comité d’avortement thérapeutique, composé de trois médecins, autorise l’avortement, qui doit être pratiqué dans un hôpital. Pierre-Elliott Trudeau pensait régler le problème des avortements clandestins, mais la guerre s’est déclenchée entre le mouvement antiavortement et les féministes.
« Tous les médecins antiavortement vont boycotter systématiquement la création des comités d’avortement. […] En 1970, seulement 181 avortements sont pratiqués au Québec, et un seul dans un hôpital francophone. »
En 1973, le jugement de la Cour suprême américaine est confirmé et légalise l’avortement dans tous les États. « En 1973, il commence à y avoir les procès du Dr Morgentaler, rappelle Louise Desmarais. Ce sera un outil extraordinaire de mobilisation pour mettre le problème sur la table. »
Durant cette période, des voyages en autobus sont organisés pour que les femmes avortent dans l’État de New York.
« La bataille des féministes va être la bataille pour l’accès à des services d’avortement. »
Dès 1977, les poursuites contre les médecins cessent, jusqu’à ce que la Cour suprême du Canada décriminalise l’avortement, en 1988.
« La Cour suprême a reconnu qu’en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, le droit à la sécurité et à la santé des femmes de la loi canadienne n’était pas acceptable pour les femmes. »
Aujourd’hui, le droit à l’avortement est-il menacé au Canada? « De l’avis de plusieurs, non, [car] contrairement aux États-Unis, ici, chaque province ne peut pas légiférer [en matière de criminalité]. […] Seul le Parlement fédéral pourrait jouer dans le Code criminel », explique Louise Desmarais, qui rappelle tout de même que l’accès à l’avortement n’est pas le même partout au Canada.