Pilote de légende, casse-cou et trompe-la-mort, Evel Knievel a marqué toute une génération dans les années 1970. Avec 75 sauts spectaculaires réussis et une quarantaine de fractures au compteur, l'acrobate de la moto, doté d'un sens aigu du marketing, deviendra une légende de la culture populaire américaine. Karine Prémont, professeure à l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke, raconte le parcours de ce cascadeur à l'esprit pionnier typique des États-Unis, véritable incarnation du rêve américain.
Comment le jeune Robert Knievel du Montana, athlète accompli au sein de l’armée, puis garagiste dans l’État de Washington, devient-il la légende Evel Knievel à la tête d’un empire en frôlant la mort à chaque représentation?
« Malgré les embûches, il ne lâche jamais. »
Il commence à réaliser des sauts au guidon de sa moto pour attirer de la clientèle. Ce simple coup de publicité lui fait découvrir l’attention du public : il ne pourra plus s’en passer.
Des exploits et des chutes
Le grand défi qui le fera connaître (et le rendra riche) : survoler avec sa moto les fontaines du Caesars Palace le 31 décembre 1967. Même si l'atterrissage est dramatique, le saut est déclaré réussi et sera diffusé à la télévision.
L’empire Knievel
Les années 1970 sont l’âge d’or d’Evel Knievel. Le cascadeur enchaîne les défis toujours plus audacieux et les apparitions flamboyantes, et il rentabilise cette notoriété avec une multitude de produits dérivés que les enfants s’arrachent.
La politologue commente les sauts successifs qu’il tente avec plus ou moins de succès, mais dont il retire toujours, outre des blessures, une popularité grandissante et des retombées économiques se chiffrant en millions de dollars.
« Les gens allaient le voir essentiellement parce qu’ils étaient sûrs qu’il se casserait la gueule. »
Vu comme un héros aux États-Unis, il subit néanmoins la condescendance des journalistes au Canada lors de son passage à Vancouver, puis à Toronto.
Le dernier saut… ou presque
Au stade Wembley de Londres, en 1975, devant 90 000 personnes, il tente de sauter par-dessus 13 autobus à deux étages. Après une chute spectaculaire qui nécessitera par la suite une longue hospitalisation, il annonce à son public médusé que ce sera son dernier saut.
Il remontera malgré cela sur sa moto Harley-Davidson pour un ultime saut et battre une dernière fois un record. Affabulateur notoire, alcoolique, homme violent, il se retire définitivement de la scène publique en 1978. En 2007, à l’âge de 69 ans, il s’éteint des suites de problèmes pulmonaires après être passé si souvent proche de la mort.