Nous traînons dans notre portefeuille ce bout de plastique sans valeur, mais qui nous donne accès à de très grosses sommes. La carte de crédit a bousculé nos habitudes de consommation. Sandrine Prom Tep, spécialiste du commerce et du marketing numérique, retrace ses origines.
Le crédit est vieux comme le monde. « Le crédit était très individuel. Les commerçants offraient eux-mêmes leur crédit », mentionne Sandrine Prom Tep. Dès les années 1920, des hôtels, des grands magasins et des stations d’essence émettent des cartes de crédit de consommateurs; l’ancien grand magasin Sears est le premier à les offrir.
Durant les années 1950, le rapport à la consommation change avec l’explosion de la classe moyenne. « Sans la carte de crédit, des marques comme Frigidaire ou GM aujourd’hui n’existeraient pas », soutient Sandrine Prom Tep. La Diners Club, à New York, offre à une clientèle privilégiée la possibilité de régler la facture avec une carte exclusive dans 27 restaurants et deux hôtels.
La carte de crédit universelle apparaît afin de faciliter la gestion bancaire : « Les banques devaient régulièrement gérer à grands frais des quantités toujours plus importantes de tout petits prêts, explique Sandrine Prom Tep.
Les banques devaient convaincre les commerçants de l’accepter, mais surtout les consommateurs. En 1958, Bank of America fait une expérience, considérée comme la véritable naissance de la carte de crédit. À Fresno, en Californie, elle inonde la ville avec ses cartes. Les habitants la considèrent comme « un cadeau direct d’argent ». Bank of America perd 25 millions de dollars, mais l’expérience est concluante : BankAmericard deviendra Visa plus tard.
Aujourd’hui, le crédit est crucial dans nos économies, et le profil de crédit des consommateurs est national et international.
En fin de cette entrevue, Sandrine Prom Tep révèle le nombre de cartes de crédit en circulation et elle explique pourquoi elles sont vouées à disparaître.