Pour Herman Smith-Johannsen, mieux connu sous le nom de Jackrabbit, le ski était un mode de vie, une façon de se mouvoir dans les Pays-d'en-Haut, au Québec, sa terre d'adoption. À plus de 100 ans, il chaussait encore ses skis, comme le rappelle l'historien Michel Allard.
Le Norvégien Herman Smith-Johannsen a commencé à skier à l’âge de 2 ans. Plus tard, il est devenu ingénieur en mécanique et s’est installé à Cleveland, aux États-Unis, en 1899. Son employeur l’a affecté à la vente de machineries lourdes dans le nord de l’Ontario, et c’est là qu’il a rencontré les Cris. « C’est de là que va naître son surnom Jackrabbit, celui qui court aussi vite qu’un lièvre », raconte Michel Allard.
En 1928-1929, Herman Smith-Johannsen s’est établi à Montréal, mais la crise économique l’a poussé à la ruine. Il a alors loué une maison à Shawbridge (Piémont) et s’est déclaré « ingénieur de ski » : il donnait des cours, supervisait la construction de tremplins de ski et dirigeait des excursions.
Jackrabbit est arrivé dans les Laurentides à un moment propice : le ski était devenu tellement populaire que les trains de neige – en service les fins de semaine de Montréal aux Laurentides – ont été mis sur pied en 1928. En même temps, les hôteliers de l’endroit et le Canadien Pacifique ont exprimé le désir de relier les pistes utilisées par les Autochtones et les forestiers. Herman Smith-Johannsen a donc relié 90 km de pistes. « C’est là qu’il a appris à parler français. Il fallait qu’il convainque les cultivateurs de le laisser passer sur leur terrain », raconte Michel Allard.
La naissance d’une légende
En 1967, Herman Smith-Johannsen s’est présenté, chaussé de ses skis, à l’inauguration d’une piste de ski de fond. Il avait 93 ans. La légende de Jackrabbit est née à ce moment. En 1975, à son centenaire, il est devenu une icône.