L'idée politique de réunir les États d'Afrique n'est pas nouvelle; elle remonte à l'époque coloniale et a été soutenue au 20e siècle par la diaspora africaine. Avec la décolonisation, le panafricanisme a pris une ampleur nouvelle et s'est retrouvé incarné par les héros de l'indépendance. Patrick Dramé, professeur titulaire au Département d'histoire de l'Université de Sherbrooke et spécialiste de l'Afrique, rappelle les moments forts du panafricanisme.
Avant toute chose, Patrick Dramé souligne que le panafricanisme n’est pas né sur le continent africain, mais bien dans les Caraïbes et aux États-Unis, de la réflexion d’intellectuels noirs. Par contre, le terme « panafricanisme » a été entendu la première fois au congrès panafricain qui s'est tenu à Londres en 1900, en pleine période coloniale.
Hailé Sélassié Ier, l’empereur d’Éthiopie, a commencé à adhérer au panafricanisme durant l’entre-deux-guerres. « Dans ce contexte général, le panafricanisme est en train de devenir une idéologie et un projet dont l’ambition est de libérer l’Afrique de la domination coloniale », explique Patrick Dramé.
Avec la décolonisation des années 1950, le panafricanisme a connu une mutation majeure. L’objectif consistait à unir les 30 à 40 États africains qui ont obtenu leur indépendance.
Deux Afriques politiques se faisaient face, en particulier en 1963, lors de la première réunion de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Le groupe de Casablanca comprenait des pays comme le Ghana, la Guinée, le Maroc et le Mali et désirait unir le continent en prenant une distance avec les puissances occidentales. Le groupe de Monrovia (la capitale du Libéria) était représenté entre autres par le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Libéria, l’Éthiopie et le Nigéria, et il proposait plutôt de prendre le temps de construire petit à petit l’unification avec l’aide des anciennes puissances coloniales.
En terminant, Patrick Dramé dévoile lequel des deux groupes a emporté cette lutte idéologique et décrit le regain d’intérêt pour le panafricanisme aujourd’hui.