Sa période bleu, blanc, rouge, inspirée de l'époque glorieuse du Canadien de Montréal, demeure la plus connue. Pour Serge Lemoyne, fusionner l'art et le sport était la meilleure manière de toucher le grand public. Ève-Lyne Beaudry, conservatrice de l'art contemporain du Musée national des beaux-arts du Québec et commissaire de l'exposition Lemoyne : hors jeu, nous en dit plus sur cet enfant terrible de l'art québécois.
Dans les années 1960, Serge Lemoyne fait partie d’une nouvelle génération d’artistes. « Ils s’opposaient un peu à la notion d’objets. Ils voulaient redéfinir ce qui était devenu un académisme, explique Ève-Lyne Beaudry. Ils le font de manière anti-artistique, anti-muséale, contre les règles. »
À partir de 1968, Serge Lemoyne ne crée presque pas et préfère organiser des événements artistiques mettant en valeur le public.
Les années 1970 sont fastes pour Serge Lemoyne, en raison de sa période bleu, blanc, rouge, inspirée par une performance à London, en Ontario, en 1969.
« Serge Lemoyne est parti avec son sac de hockey, avec des bâtons de hockey, des pots de peinture. Il a transformé la galerie en une sorte de patinoire de fortune. […] Il a commencé à faire de la création en direct, devant public, avec son bâton de hockey comme pinceau, sur une trame sonore des Canadiens de Montréal qui [jouaient contre] les Maple Leafs de Toronto. »
De 1969 à 1975, il consacre son art à de la performance en galeries. Les grandes toiles bleu, blanc, rouge arrivent en 1975.
Au cours de cet entretien, Ève-Lyne Beaudry raconte comment Serge Lemoyne a transformé sa maison d’enfance d’Acton Vale, en Montérégie, en œuvre d’art et rend compte de son amertume envers le manque de reconnaissance des artistes visuels québécois.