Andrée Rivard, docteure en histoire et chargée de cours à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), explique comment l'accouchement, un passage marquant qui consiste à donner la vie, a longtemps été un acte médical réservé aux médecins, surtout des hommes, et se déroulait sans la présence des pères.
Durant la colonie française, des sages-femmes bien formées en France s’occupent des accouchements. Elles demeurent actives jusqu’au 19e siècle, y compris sous le régime anglais, jusqu’à la professionnalisation des médecins qui accaparent « l’ensemble du paysage obstétrical ». Un changement radical survient dans les années 1950 : l’accouchement à l’hôpital.
« On pense, pour plusieurs individus, que l’hospitalisation des accouchements est une bonne chose. Et c’est une manière aussi d’être moderne pour beaucoup de femmes. »
Durant les années 1970, les parents insistent pour que le père soit présent dans la salle d’accouchement. Les femmes demandent des accouchements naturels, ce qui implique le soutien des conjoints. Le mouvement féministe a également mis la main à la pâte.
L’enjeu des sages-femmes
Considéré comme illégal, le métier de sage-femme revient peu à peu, notamment grâce à des pionnières comme Isabelle Brabant. En 1994, des projets pilotes en maisons de naissance sont mis sur pied. En 1999, les sages-femmes obtiennent leur loi permanente qui leur permet d’exercer la profession. Aujourd’hui, la demande pour les sages-femmes est plus forte. Des médecins dans les hôpitaux sont plus ouverts aux demandes des femmes et adoptent des méthodes naturelles, indique Andrée Rivard.
En terminant, Andrée Rivard exprime quelques inquiétudes, notamment en ce qui concerne les violences obstétricales, telles que des paroles déplacées, des brusqueries et une écoute inadéquate des désirs de la femme lors de l’accouchement.