Léopold II, le roi des Belges, a immensément joui des richesses du Congo; d'abord l'ivoire, ensuite le caoutchouc. Ce système d'exploitation a fait des millions de morts et de mutilés au tournant du 20e siècle. Blaise Ndala, juriste et auteur de Dans le ventre du Congo, raconte ce pan sombre de l'histoire du continent africain.
En 1878, Léopold II demande à l’explorateur Henry Morton Stanley d’ouvrir des comptoirs tout le long du fleuve Congo. En 1885, le roi obtient enfin une colonie, formant ainsi l’État indépendant du Congo. Il se prévaut d’abord d’une mission humanitaire, mais rapidement, il fait main basse sur toutes les richesses.
« Il est vraiment dans une logique d’homme d’affaires, d’entrepreneur, une logique mercantile en soi. »
Le boom de l’industrie automobile
Cette industrie naissante découvre les vertus du caoutchouc dans la fabrication de pneus résistants et flexibles. Les plantations d’hévéa de l’Asie ne fournissent pas assez rapidement les usines automobiles en matériau. Le roi belge impose alors le travail forcé aux indigènes congolais pour traiter le caoutchouc. Les exactions commencent. Les Congolais qui ne respectent pas les quotas de production sont exécutés et mutilés ou leur famille est prise en otage.
Ces atrocités sont révélées par les missionnaires William Sheppard et surtout par Alice Seeley Harris; ses photos de ces atrocités mènent à la première campagne de protestation contre la présence belge au Congo. En 1903, le diplomate britannique Roger Casemant conclut dans un rapport que les exactions sont bien réelles.
« Les puissances de l’Acte de Berlin, l’Allemagne, la France et les autres, vont pousser Léopold II à renoncer à cette colonie. »
En 1908, le Parlement belge adopte le transfert de l’État indépendant du Congo des mains de Léopold II vers la Belgique, menant à la naissance du Congo belge.
Au cours de cet entretien, Blaise Ndala raconte que la royauté belge a exprimé des regrets 100 ans plus tard, et dévoile le nombre de morts survenus, même s’il s’agit d’une vaste estimation.