Égalité des sexes, blasphème, liberté artistique... Le plaidoyer féministe de Denise Boucher a soulevé maints débats lorsqu'une subvention lui a été retirée in extremis. Ses détracteurs ont fait appel aux tribunaux pour l'interdire, tandis que les intellectuels de partout l'ont défendue. Marie-Claude Garneau, doctorante en lettres, raconte à Jacques Beauchamp que la controverse n'a pas empêché Les fées ont soif de connaître le succès.
Dans les années 1970, le théâtre féministe a le vent dans les voiles au Québec.
L’essayiste, journaliste et parolière Denise Boucher s’inscrit dans cette mouvance avec sa première œuvre dramaturgique. À travers les monologues de trois archétypes féminins – la mère, la prostituée et la Vierge Marie –, celle-ci exprime la prise de conscience des femmes de leur domination par la société patriarcale.
La bourse de la discorde
En mai 1978, le Conseil des arts de la région métropolitaine annonce le retrait d’une subvention qui devait aller à la production théâtrale. Son président la qualifie de « merde » et de « cochonnerie » susceptible d’entacher l’image de l’organisme.
« Oui, elles vont parler de ce désir de jouissance pour elles-mêmes, mais ce n’est pas qu’un désir d’ordre sexuel. C’est vraiment, aussi, un désir de s’appartenir, de trouver sa parole. »
Les catholiques au front
Si le Théâtre du Nouveau Monde (TNM) garde quand même la pièce à l’affiche, une autre controverse éclate en novembre 1978. Une coalition d’organismes catholiques demande aux tribunaux d’interdire la publication du texte de la pièce. L’archevêque de Montréal appuie la démarche, et ce, sans avoir vu l’œuvre.
Une injonction est accordée le 4 décembre 1978, mais elle ne suffit pas à faire cesser les représentations.
Au cours de cette émission, Marie-Claude Garneau résume les positions du comédien Jean-Louis Roux, de l’autrice Simone de Beauvoir et de la Ligue des droits de l’homme dans cette affaire.