Premier député catholique d'Irlande à siéger au Parlement de Westminster, il a donné une voix politique aux siens et s'est donné corps et âme au combat pour la souveraineté nationale. Tout cela, Daniel O'Connell l'a fait grâce à une mobilisation sans précédent des populations paysannes. Laurent Colantonio, spécialiste de l'histoire irlandaise, explique à Jacques Beauchamp pourquoi cette grande figure du mouvement national irlandais peut être comparée à Martin Luther King ou à Louis-Joseph Papineau.
Daniel O’Connell naît en 1775 dans une famille de notables catholiques. L’Irlande est alors conquise et colonisée par l’Angleterre depuis deux siècles, et sa population, dépossédée de ses terres et de plusieurs droits.
Si la plupart des lois anticatholiques sont abolies à la fin du 18e siècle, il demeure impossible pour un catholique – donc 80 % de l’Irlande – d’être élu député.
Devenu le premier avocat irlandais de sa confession en 1798, Daniel O’Connell se donne deux missions : émanciper les catholiques et faire abroger l’Acte d’Union de 1800, qui unit la Grande-Bretagne et subordonne l’Irlande à l’Angleterre.
Entrée remarquée
Daniel O’Connell remporte l’élection législative de son comté en 1828, mais il se fait interdire l’accès à la Chambre des communes après avoir refusé de prononcer un serment qu’il juge contraire à sa foi. Il prononce alors un discours qui mène à la loi sur l’émancipation des catholiques, qui permet aux Irlandais d’être pleinement représentés au Parlement.
« Le message envoyé par O’Connell à Londres est un peu le suivant : "je suis le dernier rempart avant une déflagration générale. Si vous n’accédez pas à nos demandes, alors je ne réponds plus de rien!" »
Au milieu des années 1840, Daniel O’Connell se lance à l’assaut de l’Acte d’Union, notamment au moyen de rassemblements populaires qui peuvent parfois compter des centaines de milliers de personnes. Il prône une version autonomiste et non séparatiste de la souveraineté nationale, afin que l’Irlande soit l’égale de l’Angleterre dans la hiérarchie impériale.
Ce dernier combat, toutefois, est un échec.
Au cours de cette émission, Laurent Colantonio parle des critiques dont Daniel O’Connell a fait l’objet, à la fin de sa vie ainsi qu’après sa mort, notamment en raison de son parti pris pour la non-violence.