D'abord, il a fallu reconnaître cette maladie respiratoire qui attaque l'humain depuis 300 000 ans, puis y associer les atteintes rénales, cérébrales et osseuses qu'elle déclenche parfois. Ensuite, déterminer sa cause, entre la théorie d'un germe invisible et celle d'une dégénérescence cellulaire causée par la pauvreté et la malnutrition. Enfin, trouver un traitement au-delà des séjours en sanatoriums, dont l'issue relevait presque du hasard. Le médecin André Bilodeau raconte à Jacques Beauchamp que l'amélioration des conditions de vie, à la fin du 19e siècle, a fait reculer la tuberculose davantage que l'invention de la pénicilline.
Jusqu’au 18e siècle, les médecins ne reconnaissent qu’une vague maladie pulmonaire, qu’ils nomment phtisie ou consomption.
Au 18e siècle, les premières autopsies permettent de déceler les tubercules qui jonchent les poumons des malades de la consomption.
Au début du 19e siècle, le jeune médecin René-Théophile-Hyacinthe Laennec profite du nouveau système d’hôpitaux publics instauré par Napoléon et établit une première description clinique de la tuberculose.
Ennemi invisible
En 1867, la tuberculose est la première cause de décès au Canada. On la sait transmissible, surtout dans les populations pauvres, mais la cause fait encore débat. En 1882, Robert Koch annonce avoir trouvé le bacille de la tuberculose : la coupable est bien une bactérie.
« Étant donnée sa durée de séjour sur des millénaires, [la tuberculose] est probablement, avec la pneumonie, la dysenterie et la malaria, [l’un des] plus grands tueurs de l’humanité. Encore aujourd’hui, dans les pays du quartile inférieur des pays plus pauvres, la tuberculose est toujours la sixième cause de décès. Encore chaque jour, 4400 personnes décèdent de la tuberculose. »
Bouffées d’air frais
En 1895, le physicien allemand Wilhelm Röntgen découvre par hasard le rayon X. La technique révèle les lésions, autrefois décelables seulement lors d’autopsies, causées par la tuberculose dans les poumons.
L’Église catholique participe à la guerre contre la maladie en ouvrant des sanatoriums.
Le véritable traitement n’arrive qu’en 1928, avec l’invention de la pénicilline et, peu de temps après de dérivés plus efficaces, la streptomycine et l’isoniazide.
André Bilodeau rappelle que le combat est encore loin d’être gagné. La résistance aux antibiotiques, la préséance du sida dans certaines régions du monde et les déplacements de populations compliquent cette lutte, et ce, même si la médecine nous dote de meilleures armes.