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Statut légal du cannabis au Canada : entre racisme et laxisme

Un militant pour la légalisation de la marijuana allume un joint à Ottawa, le 20 avril 2012.
Un militant pour la légalisation de la marijuana allume un joint à Ottawa, le 20 avril 2012.PHOTO : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Publié le 21 mars 2017

En août 2013, le futur premier ministre Justin Trudeau affirmait avoir déjà fumé du cannabis. Élu à la tête du Canada en octobre 2015, il a fait de la légalisation de la marijuana un objectif à réaliser durant son mandat. Cette décision constitue le plus récent développement de la valse de pénalisation et de dépénalisation de cette drogue, souligne le professeur d'histoire Marcel Martel.

Au début du 20e siècle, on a attribué au cannabis des vertus pour la santé. Elle se consommait librement, sans sanction. Mais ce n’est pas tous les Canadiens qui considéraient cette substance comme inoffensive.

Mobilisation pour bannir les drogues
Une des premières voix canadiennes à se faire entendre dans le combat contre les drogues est celle de la juge albertaine Emily Murphy. Dans son livre The Black Candle, elle a décrit de façon très dramatique les effets de la drogue sur ses utilisateurs.

Marcel Martel considère que ce livre a créé un climat de peur autour des drogues et que la menace a été exagérée. Le titulaire de la Chaire Avie-Bennet-Historica de l’Université York de Toronto ajoute que d’autres personnes ont alors joint la lutte de la magistrate.

Ce mouvement a pris de la force au moment où William Mackenzie King était au pouvoir. Le dirigeant libéral était très sensible aux divers courants prohibitionnistes de l’époque, souligne-t-il.

Une loi raciste
En 1923, la première loi à criminaliser l’utilisation et la possession du cannabis et d’autres drogues est entrée en vigueur. Le hic est que cette loi avait une connotation raciste. On utilisait les stupéfiants pour stigmatiser certains groupes sociaux : la marijuana était associée aux Mexicains, la cocaïne était reliée aux Noirs et l’opium, aux Chinois.

« C’était une manière de dire au peuple : si vous voulez construire une meilleure société, il faut la débarrasser des éléments qui contribuent à la corrompre. On plonge ainsi en plein racisme. »

La première saisie de cannabis a eu lieu en 1932, sous la pression persistante de la population, qui voulait qu’on donne plus de mordant à l’application de la loi abolitionniste.

Marijuana et contre-culture
Dans les années 60, le cannabis est devenu un produit très prisé auprès d’une certaine clientèle. Les artistes et les membres du mouvement hippie en ont fait un symbole de la contreculture.

En 1969, une commission d’enquête sur l’utilisation de drogues à des fins non médicales créée par Pierre Elliott Trudeau a ouvert une nouvelle brèche dans la criminalisation de cette drogue. Un projet de loi pour légaliser le cannabis a même été déposé en 1973, mais le gouvernement ne lui a pas donné suite.

Dans les années 1990, de nouvelles études scientifiques ont démontré que le cannabis représentait une avenue médicale valable en aidant à traiter les symptômes de maladies comme la sclérose en plaques.