Le 1er avril 1977, le ministre du Développement culturel Camille Laurin présente la Charte de la langue française. Le projet de loi déposé le 27 avril à l'Assemblée nationale répond à deux craintes de la population québécoise francophone : la baisse de qualité du français et l'arrivée massive d'immigrants qui choisissent l'anglais comme langue seconde. Au micro de Jacques Beauchamp, l'historien Éric Bédard explique en quoi la loi 101 a su, au gré du temps et des amendements, ménager la chèvre et le chou. (Rediffusion du 25 avril 2016)
« Le dépôt de ce projet de politique linguistique marque que l'hiver vient de desserrer son étreinte et sonne enfin l'heure du printemps de notre vie collective », dit Camille Laurin au moment de présenter son projet de loi.
La mesure du nouveau gouvernement péquiste s'inscrit dans une succession d'événements : la publication du livre Les insolences du Frère Untel, de Jean-Paul Desbiens, en 1960; l'adoption de la Loi sur les langues officielles par le gouvernement Trudeau, en 1969; la Loi sur la langue officielle du gouvernement Bourassa, en 1974, puis l'élection du Parti québécois en 1976.
« La loi 101, pour certains, c'est un premier jalon. C'est un travail à poursuivre, indique Éric Bédard. Pour d'autres, c'est peut-être le plus important héritage du Parti québécois au pouvoir, mais une sorte de victoire à la Pyrrhus. Peut-être que ça a montré à certains qu'on pouvait défendre le fait français à l'intérieur du Canada, pour peu qu'on soit raisonnable. Ça a donné à certains un sentiment de sécurité. Chose certaine, on a l'impression, avec les dernières tentatives de réforme linguistiques sous le gouvernement Marois, que ce qu'il y a actuellement comme loi semble convenir à la grande majorité. »