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Début du contenu

Les messes à gogo des années 1960 et 1970, ces célébrations religieuses, musicales et festives

Cinq hommes chantent devant un micro sur pied, deux d'entre eux jouent de la guitare. À droite, un homme joue de la batterie.
Les Alléluias en spectacle au Saguenay en 1965.PHOTO : Courtoisie Bernard Tremblay
Publié le 19 avril 2019

La révolution qu'a provoquée le deuxième concile œcuménique du Vatican (Vatican II) pour l'Église catholique s'est traduite, entre autres au Québec, par l'émergence des messes à gogo, ou messes rythmées. Ces cérémonies ont été tellement populaires qu'elles ont donné naissance à un véritable genre musical, dont l'industrie québécoise s'est emparée. Sébastien Desrosiers, éditeur musical et blogueur spécialisé dans le patrimoine québécois, raconte et explique ce phénomène qui a fait époque.

Au Québec, certains prêtres n’attendent pas la fin de Vatican II. Dès 1958, le père Bernard, surnommé le ménestrel du Bon Dieu, chante la parole du Christ sur un premier disque. Le père Bernard s’inspire de Félix Leclerc, qui l’invite à chanter en première partie de ses spectacles en France, en 1959.

Du rock chrétien

Entre 1961 et 1965, le groupe Les Alléluias, dirigé par Bernard Tremblay, unit des séminaristes du scolasticat des Pères rédemptoristes d'Aylmer-Est en Outaouais. Ils font paraître trois singles qui remportent un succès appréciable. En 1964 et en 1965, une tournée les amène au Saguenay-Lac-Saint-Jean et dans la région de Montréal. À cette même époque, Les Alléluias enregistrent dans les studios de la Maison de Radio-Canada, à Montréal. Cet album obtient un vif succès.

Les premières messes à gogo ont lieu au printemps 1965, le mouvement prend rapidement son envol et il se répand dans les églises et sur disques.

Un studio dans une église

Durant les années 1960 et 1970, le sanctuaire Cap-de-la-Madeleine, près de Trois-Rivières, devient le centre de production de la pop religieuse québécoise. Les missionnaires oblats de Marie-Immaculée inaugurent, en 1947, la station et le studio Radio-Marie, qui demeurent opérationnels jusqu’en 1979. Dès 1959, Radio-Marie mousse sa première égérie, la chanteuse et guitariste oblate Jacqueline Lemay. Elle remporte du succès avec ses 45 tours et son premier album en 1962.

En 1967, la maison de disques de Radio-Marie recrute un jeune directeur artistique, le père André Dumont, qui est déjà auteur-compositeur. Il développe la collection Jérusalem, une série d’enregistrements créés pour profiter de l’engouement pour les messes à gogo.

Un opéra rock chrétien

Avec son spectacle Aimons-nous les uns les autres, en 1969, Michel Conte présente un concept audacieux construit autour des Évangiles.

« On découvre, à l’intérieur de chansons, l’apôtre Pierre en commis d’épicerie, Marie-Madeleine en serveuse dans un petit restaurant, et Jésus en chef d’une bande de motards. C’était inimaginable quelques années à peine auparavant. »

— Une citation de  Sébastien Desrosiers

Michel Conte en 1969

Radio-Canada / André Le Coz

Avec ses musiciens, Michel Conte se produit d’église en église pendant 18 mois, vêtu de caftans saillants et psychédéliques. Paris a même droit à Aimons-nous les uns les autres pendant une semaine.

Au petit écran

En 1969, la télévision de Radio-Canada recrute le père capucin et chanteur Yvon Hubert pour animer l’édition estivale de la messe dominicale diffusée à l’émission Le jour du Seigneur, en direct de Québec.

Yvon Hubert en 1971

Radio-Canada / Jean-Pierre Karsenty

L’année suivante, Yvon Hubert est embauché pour la même émission, mais à Montréal. Il la coanime avec François Dompierre et ses musiciens. Yvon Hubert publie quatre albums avec François Dompierre et il attire l’attention avec son spectacle Spirisphère.

En 1972, le groupe rock Offenbach lui demande d’officier une cérémonie à l’ancienne en latin pour un de ses spectacles. La messe rythmée des morts est présentée une seule fois, le 30 novembre 1972, devant près de 3000 spectateurs à la basilique de l’oratoire Saint-Joseph.

Le point culminant et le déclin

Une quantité impressionnante de groupes folks, pop et rock chrétiens apparaissent durant les années 1970. Le mouvement s’essouffle à la fin des années 1970 et au début des années 1980.

Il se termine possiblement avec la visite du pape Jean-Paul II à Montréal en 1984. La plus grande manifestation de messe rythmée au Québec a eu lieu au Stade olympique, devant près de 65 000 personnes.