En 1805, l'armée de Napoléon Bonaparte remportait une victoire éclatante contre la Russie. Ce tour de force à Austerlitz a démontré l'intelligence de l'empereur en matière de stratégie militaire. Comme l'indique Stéphane Roussel, spécialiste des questions militaires et géopolitiques, cette bataille a permis à Napoléon de consolider son pouvoir politique pour 10 bonnes années, tout en changeant la donne sur l'échiquier politique du continent.
Les différentes tactiques employées par l’empereur français lors de cette marche vers Austerlitz sont devenues des cas d’école tellement leur inventivité est impressionnante.
Trente ans après cette démonstration de savoir-faire, on a érigé à Paris l’Arc de Triomphe, conçu pour rendre hommage aux soldats qui ont combattu lors de cette bataille.
Une provocation de l’Angleterre
Tout juste un an avant cette bataille, Napoléon Bonaparte s’était autoproclamé empereur. Qui plus est, son expérience sur les champs de bataille n’était pas encore à son sommet.
Les tensions entre la France et l’Angleterre, qui minaient la situation depuis des décennies entre les deux pays, ont agi en filigrane de cette bataille avec la Russie.
Tout a commencé lorsque Napoléon voulait en découdre avec les Britanniques. Il a campé son armée sur les rives françaises de la Manche et a menacé l'Angleterre d’attaquer. Mais les Britanniques avaient une marine très puissante, ce qui a refroidi les ardeurs des Français.
Par ailleurs très riches, les Britanniques ont donc subventionné les Russes et les Autrichiens pour qu’ils entament une descente vers le sud et qu’ils s’en prennent aux Français.
La marche vers Austerlitz
À la fin du mois d'août 1805, Napoléon s’est décidé à mener son armée vers le Rhin pour aller à la rencontre des Russes.
Trois mois de marche ont été nécessaires pour atteindre la frontière allemande. Certaines unités militaires ont avancé à une vitesse effarante, compilant plus de 40 km par jour. Cette rapidité a surpris totalement l’armée autrichienne qui a capitulé presque sans grands combats.
C'est à l’automne de 1805, un peu après la prise de Vienne, que s'est produit le choc avec les Russes.
Napoléon Bonaparte était parti avec 200 000 soldats, mais seulement 70 000 d’entre eux ont fait la totalité du chemin. De leur côté, les Russes comptaient pas moins de 90 000 soldats, mais ceux-ci étaient beaucoup moins expérimentés que leurs ennemis.
« La bataille d’Austerlitz n'est pas une bataille décisive. Elle change la donne sur l’échiquier européen. D’autres batailles suivent, mais cette victoire donne un répit aux Français. »
Une stratégie innovatrice
Au lieu d’occuper un haut plateau, près d’Austerlitz, qui permettrait d’avoir un point de vue dominant sur les alentours, Napoléon a décidé d’abandonner cette position stratégique à ses adversaires, allant ainsi à l’encontre de ce que prônaient tous les manuels de guerre de l’époque. Ce piège tendu a laissé les Russes croire qu’ils avaient le dessus sur la bataille.
L’armée de Bonaparte a plutôt pris soin d’encercler les Russes pour mieux les contrôler et, ultimement, les défaire.
Cette stratégie a permis de séparer l’armée russe en deux, un leurre génial qui n’aurait pu fonctionner si des renforts attendus pour l’assaut final n’étaient pas parvenus à se rendre à Austerlitz.
La ville d’Austerlitz se trouve aujourd’hui en République tchèque, à près de 130 km au nord de Vienne.