Créé pour protéger les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem, l'Ordre des Templiers a fini par prendre part aux croisades du Moyen Âge. Sa puissance militaire et financière est devenue si considérable qu'elle a fait trembler les têtes couronnées d'Europe, en plus d'attiser leur jalousie. L'omnipuissance de l'ordre a conduit à sa perte, comme le raconte Raphaël Weyland, doctorant en histoire à l'Université de Montréal et à l'Université de Kiel, en Allemagne.
La date de création de l’ordre est imprécise. Ses premiers membres arrivent en Terre sainte entre 1105 et 1107; ce sont des chevaliers champenois de l’est de la France, menés par Hugues de Payns. Dès 1114, ils se multiplient, et l’ordre prend de l’ampleur.
Le clergé français les reconnaît en 1129, et 10 ans plus tard, le pape fait la même chose, par proclamation. Les Templiers deviennent un véritable ordre de moines, avec une fonction militaire.
Un ordre riche
Avec 1200 abbayes au milieu du 13e siècle, l’Ordre des Templiers est gigantesque. Au Moyen Âge, l’essentiel de la richesse provient de l’exploitation agricole.
« Les Templiers possèdent énormément de terres, qui leur sont octroyées par des dons, par des héritages, par des achats, par une saine gestion. Tout cela leur est entre autres fourni par la protection pontificale. On obtient des recommandations auprès de Dieu si on offre des dons aux Templiers. »
L’Ordre du Temple est donc à la tête d’un empire agricole et foncier qui exerce des activités financières et commerciales. Il possède des navires avec lesquels il transporte des marchandises en Europe. Grâce à son énorme réseau d’auberges, de commanderies et d’abbayes dans toute l’Europe, il peut transporter des fonds de lieu en lieu. Il devient ainsi un banquier.
Deux siècles d’existence
En 1291, malgré la puissance des Templiers, une première fissure apparaît dans leur armure. Les musulmans les chassent de Saint-Jean-d’Acre, en Terre sainte.
« Les Templiers n’ont plus de raison d’être une fois qu’ils sont vaincus et chassés de la Terre sainte. »
Ils dérangent les rois d’Europe et la papauté. À la fin du 13e siècle et au début du 14e siècle, le roi Philippe IV le Bel veut créer une véritable administration en France. Il se rend notamment compte que les Templiers lui mettent des bâtons dans les roues. Le roi décide alors de les mettre au pas. Le 13 octobre 1307, les officiers royaux de Philippe IV le Bel arrêtent les Templiers présents en France.
« On les jette en prison. On commence déjà à les torturer, et les tortures sont violentes. Rapidement, les chefs de l’ordre avouent à peu près n’importe quoi. »
Dès 1310, certains Templiers sont condamnés au bûcher, et d’autres à la prison. Les derniers membres sont brûlés en 1314, dont le dirigeant Jacques de Molay, le 13 mars. Son exécution donne naissance à une légende qui prend forme surtout au 20e siècle, avec la publication des Rois maudits, de Maurice Druon.
« Le pape [Clément V] et le roi de France meurent effectivement dans le mois suivant l’exécution des Templiers. Le roi de France Philippe IV le Bel avait trois fils. Ses trois fils meurent sans fils [garçons] dans une dizaine d’années, et ils laissent la France en guerre civile, la guerre de Cent Ans. »
L’Église se débarrasse des Templiers, car les croisades sont choses du passé. De plus, les Templiers s’érigent en contre-pouvoir contre les rois, qui se débarrassent d’eux.