Créée en 1967, la Commission royale d'enquête sur la situation de la femme au Canada a rapidement porté plus précisément sur la question de la présence de la femme sur le marché du travail. Certaines des 167 recommandations du rapport publié en 1970 ont mené à l'adoption de politiques très importantes, comme celle du congé de maternité.
La Commission devait recommander des mesures pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes au Canada en matière de droit du travail, de situation familiale et des mesures pour les femmes autochtones.
Camille Robert, doctorante en histoire à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), nous parle du contexte de la création de cette commission et de son importance sur la condition féminine.
Florence Bird et les commissaires
Journaliste torontoise bilingue, Florence Bird connaît une certaine notoriété publique. Nommée présidente de la Commission, elle ne se considère pas comme féministe, comme la plupart des commissaires, d’ailleurs.
Quatre femmes et deux hommes forment cette commission, dont Monique Bégin, la secrétaire générale. Ils proviennent des domaines de la sociologie, de la démographie et du droit.
Les travaux commencent en avril 1968. Les audiences publiques durent six mois et sont tenues dans des lieux hors-normes pour ce genre d'exercice.
« On choisit de tenir des audiences dans des centres d’achats, dans des bibliothèques, dans différentes associations comme le YWCA à Montréal. Et on choisit également de télédiffuser les audiences, ce qui est une première pour les commissions d’enquête. »
La participation est considérable : la commission Bird reçoit plus de 900 témoignages, plus de 1000 lettres et 468 mémoires de différentes associations. Dans les lettres, les femmes abordent parfois des sujets plus privés dont on parle peu à l’époque, comme la violence conjugale et le harcèlement sexuel au travail.
La Commission dépose son rapport le 7 décembre 1970. Elle recommande principalement :
- l’équité salariale;
- un congé de maternité de 18 semaines relié à l’assurance chômage;
- le financement d’un réseau national de garderies;
- un meilleur accès à la contraception et à l’avortement;
- des propositions sur le droit familial;
- une éducation non sexiste;
- une amélioration de la condition des femmes au foyer, de celles sur le marché du travail et des femmes autochtones.
Les réactions
Parmi les voix qui critiquent le rapport, certains considèrent qu’il va trop loin et d’autres, pas assez.
« Il y a une profonde remise en question du rôle de la mère au foyer, de l’idéal de l’épouse au foyer, […] alors que la société est en pleine transformation. Aux yeux de certains conservateurs, et même de certaines militantes libérales, les recommandations concernant par exemple les garderies et la place des femmes sur le marché du travail sont trop audacieuses pour l’époque. »
Pour certaines journalistes, notamment Solange Chalvin, le rapport peut nettement aller plus loin.
Les deux tiers des recommandations de la commission Bird sont acceptés. Très rapidement, le congé de maternité est mis en place. La décriminalisation de l’avortement survient beaucoup plus tard. L’équité salariale reste cependant encore à réaliser complètement.
La commission Bird représente une étape charnière pour l’opinion publique sur la condition des femmes.