C'est l'accident le plus grave de l'histoire canadienne : le Mont-Blanc, un navire français chargé de près de 3000 tonnes d'explosifs, a pris feu, puis explosé en entrant dans le port d'Halifax le 6 décembre 1917, faisant environ 2000 morts et 9000 blessés, et soufflant la moitié de la ville de 65 000 habitants d'un coup. Stéphane Roussel, professeur en administration publique, explique à Jacques Beauchamp comment l'engorgement d'un chenal, ce jour-là, a plongé la région dans la confusion totale.
Le 6 décembre 1917, le Mont-Blanc arrive dans le port d’Halifax en provenance de New York. Chargé de munitions, il s’apprête à rejoindre un convoi vers l’Europe.
Dans le chenal menant au port, le Mont-Blanc croise l’Imo, un navire norvégien circulant en direction inverse. L’Imo doit dévier de son corridor maritime pour éviter d’autres embarcations et se trouve dès lors en travers de la route du Mont-Blanc.
Les deux navires se voient, multiplient signaux et manœuvres pour tenter de s’éviter, mais s’accrochent malgré tout. L’accident est superficiel, mais en raison de sa cargaison, le Mont-Blanc prend feu.
Chronique d’un désastre annoncé
Alors que l’équipage quitte le navire, le Mont-Blanc se dirige vers les quais, puis les percute. L’incendie spectaculaire attire les badauds vers le port, et les gens à l’intérieur vers les fenêtres. Il est 9 h 04 : les quarts de travail commencent, et la ville est effervescente.
À ce moment précis, le Mont-Blanc explose.
« Dans un rayon de 800 mètres autour du lieu de l’explosion, c’est la Lune. Vous n’avez littéralement plus une structure en place. […] Il ne reste plus rien, c’est complètement rasé. »
Halifax n’est plus que flammes, ruines et lambeaux de corps. Les vitres sont fracassées dans un rayon de 80 km, causant des blessures aux yeux pour 400 personnes.
Le lendemain, un blizzard s’abat sur Halifax. Plusieurs survivants meurent gelés, et le travail des secouristes se complique.
Au cours de cette émission, Stéphane Roussel raconte comment Vince Coleman, un répartiteur de train, s’est sacrifié pour avertir par télégraphe les trains en direction du port de l’explosion imminente.