« C'est vraiment la pionnière du syndicalisme des institutrices en milieu rural. [...] Elle a largement contribué à jeter les bases du syndicalisme enseignant en général au Québec », dit Aurélie Lanctôt, chroniqueuse au quotidien Le Devoir et rédactrice en chef de la revue Liberté, au sujet de Laure Gaudreault. Figure peu connue dans l'histoire de la Belle Province, la syndicaliste s'est battue toute sa vie pour l'amélioration des conditions de travail des institutrices en milieu rural, et elle laisse un héritage très important.
Très jeune, Laure Gaudreault se destine à la carrière d’institutrice. Elle grandit à Clermont, près de La Malbaie, et obtient son diplôme en 1906, à l’âge de 16 ans. Elle enseigne ensuite jusqu’à la fin des années 1920. Pendant toutes ces années, Laure Gaudreault est donc un témoin privilégié des conditions de travail difficiles auxquelles sont exposées les institutrices en milieu rural, notamment les faibles salaires.
À la fin des années 1920, après sa carrière en enseignement, elle est engagée au Progrès du Saguenay, où elle tient une chronique. C’est à cet endroit qu’elle développe une pensée critique sur les conditions de travail des institutrices, qu’elle connaît bien pour les avoir elle-même vécues. « Elle va se mettre à les défendre ouvertement dans les pages du journal, et à appeler à la mobilisation », explique Aurélie Lanctôt.
En 1936, Laure Gaudreault fonde l’Association catholique des institutrices rurales de la province de Québec. L’engouement est tel, que la Fédération catholique des institutrices rurales de la province de Québec naît l’année suivante. « En moins d’un an, la province va compter 13 associations d’institutrices, qui rassemblent 600 institutrices. C’est donc dire que ça répondait vraiment à un besoin urgent », note Aurélie Lanctôt.
« Plus on se rassemblait, plus on constatait que les défis étaient les mêmes d’une région à l’autre, et qu’il y avait un besoin criant de faire valoir les revendications des institutrices rurales, non seulement pour les conditions de travail de ces femmes-là, mais aussi pour la qualité de l’instruction qu’on était capables de dispenser dans ces régions. »
Un legs non négligeable
Selon Aurélie Lanctôt, le legs de Laure Gaudreault est énorme. « Elle nous laisse les bases des structures associatives et du mouvement syndical enseignant au Québec. […] Elle n’est pas la seule qui a porté la création des syndicats et l’essor du syndicalisme enseignant au Québec, évidemment, mais sa lutte est vraiment à l’origine de quelque chose. Elle faisait face, à ce moment-là, à des défis considérables, et elle partait de rien du tout. Il n’existait aucune structure pour fédérer les institutrices. »
« Elle avait un sens de la justice aussi qui était très manifeste. Pour elle, il ne s’agissait pas de défendre des corporations ou des objectifs corporatifs. […] Il s’agissait de défendre la justice. Elle voyait l’injustice qui était faite aux institutrices et elle trouvait que c’était insoutenable, et voulait les défendre. »