Vladimir Poutine a invité les 54 pays membres de l'Union africaine à un sommet organisé dans la ville de Sotchi du 22 au 24 octobre 2019. Pour sa chronique, Blaise Ndala nous parle de cet événement marquant.
On parle de sommet « Russie- Afrique ». Comment explique-t-on d’avoir un sommet où un seul pays convoque un forum qui le place en face de tout un continent ?
D'après Blaise Ndala, la Russie est une des puissances qui ont compris l’importance stratégique du continent africain de par sa démographie, ses énormes ressources naturelles et son économie extravertie. Un continent qui n’a pas encore réussi son intégration régionale et où n’émerge aucune puissance capable de discuter d’égal à égal avec ces partenaires aux grandes ambitions.
L'Afrique possède une longue tradition qui s’est longtemps cantonnée à la France avant que la Chine embarque, puis que l’Inde lui emboîte le pas.
POURQUOI MAINTENANT
Blaise Ndala croit qu'on désire marquer le retour en force de l’héritier de l’ancienne superpuissance communiste sur un continent où elle fut très présente durant la guerre froide et dont elle se retira à la chute de l’URSS, laissant le terrain aux pays occidentaux.
On rechercherait aussi le soutien des États africains au sein des institutions internationales, en particulier l’ONU, pour casser le primat des anciennes puissances coloniales (France) et peser davantage sur les nominations, les décisions et les votes.
Il ne faut pas oublier que depuis la crise ukrainienne et la politique des sanctions à la fois européennes et américaines, plusieurs marchés occidentaux sont fermés à la Russie.
En 2018, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockolm (SIPRI), les échanges entre la Russie et le continent africain s’élevaient à 20 milliards de dollars. C'est moins de la moitié de la France et dix fois moins que la Chine.
À Sotchi, Vladimir Poutine a promis de doubler dans les cinq ans à venir les échanges commerciaux avec l’Afrique. Surtout dans le secteur des armes, les secteurs des hydrocarbures, des mines et du nucléaire.
UNE OPPORTUNITÉ POUR LES AFRICAINS?
Blaise Ndala souligne que comme pour la Chine et l’Inde, cette relation offre le mérite de sortir du tête-à-tête avec les anciennes puissances coloniales et la trop forte dépendance aux institutions de Bretton Woods.
Il appartiendra aux Africains de ne pas déshabiller Paul pour habiller Pierre, pour faire écho aux propos de Madame Nathalie Yamb, activiste et ancienne ministre des finances de la Côte d’Ivoire présente à Sotchi.