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L'accent est-il une source de discrimination pour les franco-canadiens?

Le réveil Nouveau-Brunswick, ICI Première.
Audio fil du mardi 13 février 2018

L'accent est-il une source de discrimination pour les franco-canadiens?

L'accent est-il une source de discrimination pour les franco-canadiens?

Roxann Guérette, présidente de la Fédération des étudiants et étudiantes du campus de Moncton
Roxann Guérette, présidente de la Fédération des étudiants et étudiantes du campus de MonctonPHOTO : Radio-Canada
Le réveil Nouveau-Brunswick, ICI Première.
Le réveil / Nouveau-BrunswickPublié le 13 février 2018

Entre français écrit ou parlé, soutenu ou familier, il y a un monde d'accents et de couleurs. Des particularités linguistiques qui peuvent être source de honte et de frustration. Roxann Guerrette, une étudiante acadienne en France et ancienne présidente de la FEECUM, l'a découvert à la dure. Ses propos incendiaires par rapport à sa langue publiés sur les réseaux sociaux ont beaucoup fait réagir.

« Depuis mon arrivée en France, je me demande quel était le but des francophones Canadiens de se battre pour conserver leur langue? ON PARLE MAL », écrivait Roxann Guerette sur sa page Facebook lundi.

La publication de Roxann Guerette a suscité plus de 250 commentaires et une centaine de partage.

Radio-Canada / capture d'écran/Facebook

Ce phénomène de honte relative à la langue, Nathalie Freynet assure l’avoir observé dans le cadre de ses études doctorales à l’Université d’Ottawa. Elle s’intéresse à l’impact des accents dans la francophonie canadienne. « C’est quelque chose que j’ai beaucoup vu dans mes études. »

La discrimination sur la base de la langue ou d’un accent est un phénomène étudié. À la lumière de ses recherches, la doctorante soutient que cela peut avoir des conséquences négatives sur celui qui la subit.

La Franco-manitobaine d’origine a constaté deux types de réactions:la défense ou le repli. « Soit ça les pousse à s’affirmer davantage, soit ça peut mener au sentiment de honte et d’être inadéquat ». Dans le second cas, le sujet peut même refuser de parler la langue source de jugements.

« On parle comme des enfants analphabètes en Acadie. On est borderline pas des francophones! »

— Une citation de  Commentaire de Roxann Guerrette sur sa publication Facebook

Selon celle-ci, le cas de Roxann Guerrette confirme que ce type de discrimination existe, bien que ce ne soit pas ce que décrit l’étudiante monctonienne. « C’est sur que la discrimination c’est un mot qui est très lourd et les gens n’ont pas tendance à vouloir utiliser pour décrire leur expérience. »

L’idéologie du français standard

Lisa Ferron-Savoie est étudiante à la maîtrise en sociolinguistique à l’Université d’Ottawa. Elle s’intéresse à la situation des jeunes acadiens en contexte de mobilisation étudiante.

« Je comprenais ce qu’elle ressentait, j’ai ressenti un peu la même chose à petite échelle quand je suis déménagée au Québec », explique la jeune femme.

Lisa Savoie-Ferron, étudiante en sociolinguistique

Courtoise

Selon elle, le témoignage de Roxann Guerrette est une démonstration d’insécurité linguistique.

« Historiquement, le français est une langue très prescriptive, qui est régie par l’Académie française qui a établi les normes du français standard [et qui dit] que tout ce qui s’éloigne de la norme peut être considéré moins légitime. »

Elle est aussi d’avis que la France est plus sujette à aborder le français de façon prescriptive, ce qui peut générer de l’insécurité linguistique chez ceux qui parlent un français différent. « J’ai trouvé que son sentiment était justifié », a-t-elle dit, précisant toutefois qu’elle l’avait trouvé maladroitement exprimé.

Nathalie Freynet, elle, se réjouit que la discussion sur la discrimination linguistique se poursuive. « Il faut juste en prendre conscience [et] qu’on en parle en tant que société », a-t-elle terminé, faisant référence à un processus « subconscient ».