L'auteur de l'attentat contre la grande mosquée de Québec, Alexandre Bissonnette, est condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 40 ans. Le professeur de droit à l'Université de Sherbrooke, Simon Roy, analyse le jugement.
La peine imposée à Alecandre Bissonnette est l'une des peines les plus sévères jamais imposées au Canada depuis l'abolition de la peine de mort en 1976.
Il était déjà acquis qu'Alexandre Bissonnette, qui a été déclaré coupable de six chefs de meurtre au premier degré et de six chefs de tentative de meurtre, serait condamné à une peine de prison à vie.
La décision de vendredi portait sur la durée de sa période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle.
Le juge François Huot lui a imposé des peines d'emprisonnement concurrentes de 25 ans ferme pour les 5 premiers chefs de meurtre.
Il a ajouté une peine consécutive de 15 ans pour le sixième chef, pour un total de 40 ans.
246 pages
Devant une salle pleine à craquer au palais de justice de Québec, le juge a lu les grandes lignes de son jugement de 246 pages pendant près de six heures, vendredi.
Le magistrat a soutenu que la peine imposée à l'accusé devait tenir compte de la gravité de ses gestes et être de nature à dissuader la perpétration de tels crimes.
Il a toutefois qualifié de « déraisonnable » la proposition de la poursuite, qui réclamait qu'Alexandre Bissonnette purge jusqu'à 150 ans de prison avant de pouvoir demander une libération conditionnelle.
« Quand l'incarcération dépasse l'espérance de vie, les objectifs perdent leur pertinence », a fait valoir François Huot.
Peine d'Alexandre Bissonnette : consternation dans la communauté musulmane
La peine de 40 ans de prison imposée à Alexandre Bissonnette, auteur de la fusillade à la grande mosquée de Québec suscite une vive déception dans la communauté musulmane.
« Vous voyez les faces qui sont là devant vous, dans une consternation et une surprise totale », a déclaré Boufeldja Benabdallah, le président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ).
« J'ai été très déçu et surpris, à un point tel point que j'allais vraiment m'évanouir », a renchéri Aymen Derbali, devenu tétraplégique après l'attentat.
La lecture de la décision s'est étalée sur près de six heures.
Ahmed Cheddadi, membre de la communauté musulmane, a été l'un des premiers à prendre la parole. S'il ne se prononce pas sur la justesse de la peine imposée par le juge Huot, l'homme dit qu'il « la respecte ».
M. Cheddadi a rappelé qu'Alexandre Bissonnette pourrait sortir de prison peu avant l'âge de 70 ans, lui qui a rendu de nombreux enfants orphelins de père.
« Ces enfants, ils pourront toujours rencontrer le tueur de leur papa dans un supermarché. C'est ce qui m'a touché. C'est dur, sincèrement », a-t-il affirmé.
Le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) a pour sa part souligné que la peine est jugée trop faible par de nombreux membres de la communauté.