Les sommets de l'État
L'année 1990 marque un tournant dans son
ascension politique au sein du Parti libéral canadien,
puisqu'elle devient la première femme à se présenter
à la direction du parti. Arrivée troisième,
derrière Jean Chrétien et Paul Martin, elle recueille
les suffrages de délégués séduits
par sa vision politique qui fait d'elle une des représentantes
les plus actives de l'aile gauche du parti.
Lorsque Jean Chrétien arrive au pouvoir
en 1993, elle est nommée vice-première ministre
et ministre de l'Environnement du Canada, avant de devenir, en
1996, ministre du Patrimoine.
Favorite des médias jusqu'au début des années
90, elle en devient parfois la risée, au gré de
certaines décisions jugées discutables, comme cette
vaste campagne de distribution de drapeaux canadiens, dont le
but était de renforcer l'esprit unitaire du Canada dans
un contexte budgétaire pourtant marqué par l'austérité.
« [La culture], c'est notre capacité de nous
exprimer, expliquera-t-elle plus tard. C'est pour ça que
je suis la femme des drapeaux, parce que le drapeau me dit beaucoup
de choses sur notre identité.» («Deux bagarreuses:
la dure à cuire et la séductrice», Suzanne
Colpron, La Presse, le samedi 8 mars 1997.)
Habituée
des déclarations fracassantes, Sheila Copps s'est retrouvée
prise à son propre piège en 1996. Alors que le gouvernement
libéral renonce à sa promesse électorale
de supprimer la TPS, la ministre, qui s'était engagée
en 1993 à démissionner si une telle chose survenait,
se voit pressée de mettre ses paroles en acte.
Dans un coup de poker qui n'appartient qu'à elle, elle
donne sa démission en même temps qu'elle annonce
sa candidature à l'élection partielle qui en découle.
Un mois et demi plus tard, elle est réélue dans
son comté de Hamilton, non sans avoir perdu une partie
de son électorat. Elle réintègre le reste
de ses mandats en juin 1996.
Sheila
Copps s'était d'abord contentée de reconnaître
qu'elle avait parlé «trop vite» au sujet
de la TPS. Mais la pression politique et médiatique
s'était faite plus virulente, à tel point
qu'elle ne pouvait plus «regarder les gens dans les
yeux». D'où les nombreuses caricatures qui
la représentent avec un sac en papier sur la tête.
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Partisane d'une politique sociale, à l'écoute
de la jeunesse et des minorités, soucieuse de la place
de l'environnement dans la société, Sheila Copps
est à l'origine de l'adoption de la Loi canadienne sur
la protection de l'environnement. Cette loi, une des plus strictes
au monde, confère aux ministres de la Santé et de
l'Environnement les pouvoirs de déclarer une substance
toxique. On lui doit également la création du Fonds
de télévision et de câblodistribution pour
la production d'émissions canadiennes. Elle se porte aussi
à la rescousse du secteur de l'édition canadienne
avec l'adoption de son projet de loi C-55, qui empêche notamment
les annonceurs américains d'acheter de l'espace publicitaire
dans les éditions canadiennes de magazines américains.