En
1997, Dolly, première brebis clonée, a bien involontairement
lancé le débat sur la génétique et les
animaux. Mais la célèbre brebis n'était pas
un OGM, puisqu'elle était clonée à partir d'une
cellule de brebis adulte. La firme derrière cette expérience
scientifique, PPL
Therapeutics, et d'autres entreprises effectuent toutefois des
recherches pour transformer certains animaux en « usines
de médicaments », ce que les Anglo-Saxons surnomment
le « pharming ». Ainsi, des études
sont menées pour rendre des brebis capables de produire un
lait contenant un facteur sanguin humain. PPL a, entre autres, mis
au monde Polly, une brebis transgénique dont le lait contient
un médicament contre l'anémie.
D'autres
études sont également en cours pour créer des
animaux dont les organes seront compatibles avec les humains. Dans
cette optique, les animaux deviendront des banques d'organes. Récemment,
en février, une équipe de scientifiques a annoncé
qu'elle avait réussi à modifier génétiquement
des organes du porc, comme le cur et le foie, pour les rendre
moins sensibles au rejet par l'humain.
Mais
les animaux transgéniques risquent également de se
frayer un chemin jusqu'à notre assiette. Par
exemple, au Canada, aux États-Unis, à Cuba, en Nouvelle-Zélande,
en Israël, au Royaume-Uni, en Chine et en Thaïlande, des
chercheurs ont introduit un gène de croissance animal ou
humain dans des poissons comme le saumon, la truite et la carpe.
Une initiative mal perçue par les écologistes, qui
qualifient ces poissons de « Frankenfish »,
principalement en raison des malformations apparues sur les premières
espèces de poissons transgéniques.
Au
Canada, des poissons transgéniques ont vu le jour à
Vancouver, en Colombie-Britannique, et à Saint-Jean, à
Terre-Neuve. Grâce aux modifications génétiques,
les saumons grandissent plus vite en mangeant moins, ce qui laisse
miroiter des profits appréciables. Les chercheurs de Vancouver
ont modifié la structure d'un gène de saumon pour
le réintroduire dans un saumon Coho transgénique,
qui arrive à sa taille adulte en deux ans plutôt qu'en
quatre ou cinq ans. Pour l'instant, toutefois, ces poissons
éprouvent des difficultés à nager et manifestent
de l'agressivité quand ils se nourrissent.
À
Terre-Neuve, la société canado-américaine A/F
Protein prévoit commercialiser un saumon de l'Atlantique
transgénique pour 2001 ou 2002 : on a ajouté
un gène de croissance emprunté à la plie rouge,
un poisson d'eau
froide. Le saumon ainsi créé grandit plus vite et
dans des eaux plus froides. Mais ces poissons transgéniques
sont stérilisés pour ne pas qu'ils puissent se reproduire.
Les
écologistes craignent que, s'ils
s'échappent des enclos d'élevage, ils ne transmettent
leurs nouvelles caractéristiques à l'espèce
sauvage dont ils sont issus.
Les femelles pourraient les préférer aux poissons
« normaux » parce qu'ils sont plus gros. Ils
pourraient en outre manger des proies qui ne sont pas menacées
habituellement.