La Ligue des droits et libertés demande à Ottawa d'abroger la Loi antiterroriste

Dominique Peschard, porte-parole de la Ligue des droits et libertés
Photo : RENÉ SAINT-LOUIS
Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Environ 70 personnes ont participé jeudi aux audiences publiques sur la sécurité nationale, à Montréal, qui ont donné lieu à l'expression de plusieurs inquiétudes sur les moyens employés par le gouvernement canadien pour lutter contre le terrorisme et la radicalisation.
Plusieurs organismes ont pris la parole, dont l'Association des juristes progressistes, le Congrès maghrébin au Québec et la Ligue des droits et libertés.
Le porte-parole de la Ligue, Dominique Peschard, a demandé que la Loi antiterroriste soit complètement abrogée ou, sinon, substantiellement modifiée.
On est préoccupé, entre autres, par toutes les nouvelles dispositions introduites par la loi qui permettent à 17 agences gouvernementales de partager tous les renseignements que le gouvernement détient sur les citoyens. Les nouveaux pouvoirs accordés au Service canadien du renseignement de sécurité de poser des gestes illégaux sont aussi inquiétants. Ça rappelle les années 60 et 70, où la GRC a volé les listes de membres du Parti québécois par effraction, brûlé des granges et commis toutes sortes de gestes illégaux.
Dominique Peschard demande au gouvernement de Justin Trudeau de remettre les droits de la personne à l'avant-plan de ses politiques de sécurité nationale.
La Ligue des droits et libertés estime que depuis les attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement fait fausse route en sacrifiant les libertés individuelles sans débat de fond et sans évaluation des impacts sur le régime de droit canadien.

Lamine Foura
De son côté, le Congrès maghrébin au Québec croit que le gouvernement fédéral doit mettre l'accent sur la prévention de la radicalisation, plutôt que sur un trop grand nombre de lois sécuritaires.
Les expériences européennes et américaines ont démontré que les lois sécuritaires n'adressent pas ce genre de problèmes. Nous ne sommes pas en face d'un ennemi défini, mais d'une idéologie qui se propage sur des réseaux sociaux vers des jeunes vulnérables. Je ne pense pas que limiter la liberté des gens ou donner plus d'autorité aux forces de police va résoudre le problème.
Une promesse électorale
Lors de son élection, il y a un an, Justin Trudeau s'est engagé à revoir la loi issue du projet C-51, adoptée à la toute fin du règne des conservateurs.
Mais avant de l'abroger ou de la modifier, le gouvernement tient des audiences publiques un peu partout au pays. Les dernières audiences auront lieu vendredi à Halifax.
Elles ont lieu devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes. Ce comité est composé de neuf députés fédéraux : cinq libéraux, trois conservateurs et un néo-démocrate.
Aux audiences de jeudi à Montréal, plusieurs personnes ont pris la parole pour dénoncer les fouilles auxquelles devaient se soumettre tous les participants ainsi que l'obligation de donner son adresse personnelle.