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« Obama n'a rien fait pour nous aider » – un Noir de Baltimore

Un jeune du quartier désœuvré  de Gilmore Homes, à Baltimore

Un jeune du quartier désœuvré de Gilmore Homes, à Baltimore

Photo : Radio-Canada/Danny Braün

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Violence, pauvreté et désenchantement sont encore aujourd'hui le lot de bien des habitants noirs de Baltimore, même après huit ans de présidence Obama.

Un texte de Danny BraünTwitterCourriel à Désautels le dimanche

À Baltimore, dans le quartier de Harlem Park, les affaires sont prospères pour Albert P. Wylie. Vingt corps reposent dans l'entrepôt frigorifié, en attente d'un embaumement. L'entreprise Wylie Funeral Homes P.A. se vante d'offrir le dernier repos à 95 % des victimes de meurtre du quartier.

« Il y a quelques mois, nous avons fait une cérémonie pour Lor Scoota, un rappeur local tué par balle. Plus de 2000 personnes sont venues lui rendre un dernier hommage », explique l'entrepreneur. Stationnée à côté du corbillard, une Maserati brille. C'est celle de M. Wylie.

La ville de Baltimore détient un des taux d'homicide parmi les plus élevés des États-Unis : 344 meurtres en 2015. Le week-end de notre visite, une vingtaine de personnes avaient été blessées principalement par balle.

Vivre derrière la ligne rouge

Les quartiers noirs sont les plus visés. « C'est ce qu'on appelle ici la ligne rouge, le no man's land. Des rues entières faites de maisons barricadées que les propriétaires ont abandonnées depuis belle lurette et qui ont été reprises par la Municipalité », explique Derrick Chase, un intervenant qui travaille avec l'organisme Stand up Baltimore.

Derrick Chase, devant l'endroit où Freddie Gray a été brutalement arrêté
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Derrick Chase, devant l'endroit où Freddie Gray a été brutalement arrêté

Photo : Radio-Canada/Danny Braün

Aucune banque n'offre des prêts à tout ce qui se trouve derrière la ligne rouge. Et ce depuis de nombreuses années. Ce manque de capitaux a vidé des zones entières de Baltimore, une ville composée à plus de 60 % d'Africains-Américains. Et la pauvreté y a élu domicile.

Devant un immeuble délabré de Gilmor Homes, un jeune vendeur de drogues attend un client. Marijuana, héroïne, cocaïne, pilules, toutes les drogues se vendent ouvertement.

Le quartier est déserté par les policiers, qui ne patrouillent plus dans le secteur depuis la mort de Freddie Gray, en avril 2015. Ce jeune Noir non armé est mort à la suite d'une arrestation un peu trop musclée. Aucun des policiers impliqués dans l'opération n'a été condamné.

Le vote, « réservé aux gens des classes riches »

« Je ne peux rien vous dire à propos de l'avenir. J'ai fait de la prison, je ne peux même pas voter. C'est réservé aux gens des classes riches. Ce sont eux qui déterminent qui sera le prochain président. Pas nous, les gens qui ont le plus besoin d'aide. »

— Une citation de  Un jeune de Gilmor Homes

Ce jeune homme a perdu beaucoup de ses amis, morts violemment avant 21 ans, âge qu'il vient tout juste d'atteindre.

Dans la plupart des États américains, les personnes incarcérées n'ont pas le droit de vote aux élections. Et certains États maintiennent cette interdiction à vie, même après que les personnes condamnées ont purgé leur peine.

Un ségrégationnisme institutionnel qui touche principalement les Africains-Américains, proportionnellement plus nombreux à séjourner derrière les barreaux.

« La loi sur le droit de vote est menacée, notre système d'éducation est pourri, il y a la brutalité policière. [...] Nous devons vivre avec ce genre de traumatisme, et le président Obama n'a rien fait pour nous aider. »

— Une citation de  Sharif Ali Shafi, activiste

« C'est très embarrassant de vivre dans un pays sans savoir si un policier va vous arrêter et vous tirer dessus », explique Sharif Ali Shafi, activiste et intervenant auprès des prisonniers.

Aux États-Unis, les Noirs ont six fois plus de risques qu'un Blanc de connaître un jour la prison.

Se prendre en main

Malgré tout, l'appel du président Obama lors de son discours de 2008 sur la race, où il a demandé à la communauté afro-américaine de se prendre en main, a trouvé une oreille attentive.

Albert P. Wylie
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Albert P. Wylie, directeur des pompes funèbres

Photo : Radio-Canada/Danny Braün

Albert P. Wylie, le directeur du salon funéraire, est très impliqué dans la communauté, qu'il veut revitaliser. Fournitures scolaires pour les enfants, généreux dons pour la construction du centre culturel de Harlem Park; l'avenir appartient aux gens qui veulent en faire quelque chose, croit-il.

« Nous devons compter sur nous-mêmes pour redonner vie à Baltimore. Mais nous avons aussi besoin de capitaux pour nos infrastructures et pour que les gens reviennent s'établir dans le quartier. Baltimore a tout ce qu'il faut pour réussir. »

— Une citation de  Albert P. Wylie
La présidentielle américaine 2016 - notre section spéciale

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