Agrile du frêne : repenser le reboisement et éviter les erreurs du passé

L'agrile du frêne fait des ravages à Montréal.
Photo : Anne-Louise Despatie
Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les arbres en milieu urbain seront de plus en plus soumis à de multiples stress environnementaux, tels que les insectes, les maladies exotiques, les changements climatiques ou encore l'étalement urbain. La ville doit repenser son reboisement pour assurer la santé de ses forêts et de ses citoyens, selon un chercheur.
À Montréal, plus de 13 000 arbres ont été abattus jusqu'à présent dans le cadre de la lutte contre l'agrile du frêne, et le pire reste à venir, l'infestation n'ayant pas encore atteint son apogée.
L'un des principaux enjeux consiste à savoir par quoi remplacer les frênes. Un guide publié jeudi par l'organisme Le jour de la Terre Québec vient apporter des pistes de solution.
Repenser le reboisement est un guide stratégique pour l'augmentation de la canopée et de la résilience de la forêt urbaine, en particulier de la région métropolitaine de Montréal. Son auteur, Alain Paquette, chercheur au Centre d'étude de la forêt, Chaire Hydro-Québec/CRSNG sur le contrôle de la croissance de l'arbre, à l'Université du Québec à Montréal, espère que l'expérience vécue avec l'agrile du frêne servira de leçon.
Depuis la découverte, à Détroit, en 2002, de cet insecte coléoptère originaire d'Asie qui s'attaque aux frênes, l'agrile a tué des centaines de millions d'arbres en Amérique du Nord.
À Montréal, un arbre sur cinq est un frêne, qu'il faudra tôt ou tard remplacer. « Planter des monocultures, se fier sur une espèce ou quelques espèces seulement qui deviennent dominantes parce que ce sont des espèces qui connaissent beaucoup de succès en ville, cela comporte des risques », avertit Alain Paquette.
Deux espèces prédominent dans les rues et les parcs de la métropole, les érables et les frênes, qui représentent à eux seuls 60 % des arbres municipaux.
Ces choix du passé rendent la métropole particulièrement vulnérable, selon l'auteur du guide, qui affirme que l'on sait que de nouveaux insectes vont arriver. « C'est un risque qu'on connaît, mais ce qu'on ne connaît pas, c'est quel insecte va arriver quand ». Pour lui, la meilleure recette pour diminuer le risque, c'est d'augmenter la diversité.
La clé pour une forêt urbaine en santé et résiliente, selon le chercheur, serait de planter le bon arbre au bon endroit; d'implanter une diversité horizontale, verticale et génétique; et d'assurer un suivi et un entretien adéquats.
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Alain Paquette évite de répondre directement à la question : qu'est-ce qu'on devrait planter à la place? « Mon intérêt, ce n'est pas de recommander des espèces spécifiquement, c'est de recommander des façons d'augmenter la résilience ».
Toutefois, il note que les espèces d'arbres à planter doivent être tolérantes notamment aux vents violents, à la sécheresse, aux inondations, aux froids intenses, aux redoux soudains en hiver, aux insectes et maladies exotiques.
Le défi que devront relever les villes au cours des prochaines années est de taille, car la santé des arbres va de pair avec celle des citadins. En raison de la perte de nombreux frênes, on imputerait 1000 décès additionnels, liés surtout à des maladies cardiovasculaires, par an à Montréal, six ans après l'arrivée de l'insecte, selon une étude citée dans le guide.
L'important est de ne pas répéter les erreurs du passé. Et le chercheur de rappeler que les ormes touchés par la maladie hollandaise ont été remplacés, à l'époque, en grande partie par des frênes. C'est pourquoi, au lieu de gérer des crises, il vaut mieux se doter d'une vision à long terme, recommande l'auteur de l'ouvrage.