Des stages de la dernière chance pour des médecins étrangers

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Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Il est très difficile pour les médecins étrangers de pratiquer au Québec. Pour les aider à obtenir une résidence dans une faculté de médecine, la province offre à certains d'entre eux des stages de mise à niveau, leur dernière chance d'exercer leur profession ici.
La majorité des diplômés essuient un refus lorsqu'ils veulent obtenir une résidence. En 2013, la Commission des droits de la personne a d'ailleurs fustigé les facultés, les accusant de faire de la discrimination systémique envers les médecins étrangers.
Depuis 2010, tous ceux qui ont le diplôme d'équivalence et qui ont été refusés en résidence reçoivent une lettre du Centre d'évaluation des diplômés internationaux en santé (CEDIS). Ils doivent se présenter à un examen d'entrée pour être admis à un stage de mise à niveau en milieu hospitalier. Selon Vincent Échavé, mandaté par Québec pour mettre sur pied le programme du CEDIS, il est primordial d'intégrer les médecins étrangers.
Il faut leur faire sentir qu'ils font partie de la société québécoise, quelles que soient leurs origines.
Triés sur le volet pour le stage
En juin 2016, 48 médecins étrangers ont été évalués à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal. Une journée de huit heures où des médecins évaluent l'analyse clinique, la façon d'examiner et le raisonnement pour chaque diagnostic des praticiens étrangers.
« Les formations médicales ne sont pas les mêmes partout. On veut savoir comment ils raisonnent dans les diagnostics différentiels, comment ils examinent et comment ils pensent », explique le Dr Christian Bourdy, président du comité scientifique du CEDIS.

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Ils viennent des quatre coins du monde : Maroc, Sri Lanka,Iran, Irak ou Égypte. Trente et un sont des médecins généralistes, et 17 sont des spécialistes.
La compétition est féroce entre les 48 candidats, car seulement 26 d'entre eux sont choisis pour faire le stage de mise à niveau.
Les 22 autres sont réorientés dans un autre domaine en santé, par l'entremise de différents organismes. Certains se dirigent vers la santé publique, l'inhalothérapie ou l'infirmerie. Une chose est sûre; ils ne pourront pas pratiquer la médecine au Québec.
Pour Brice Betu, de l'Association des médecins étrangers du Québec, l'examen du CEDIS devrait se faire au tout début du processus, pour que les diplômés aient l'heure juste dès le départ avant qu'ils paient pour les examens.
Ce n'est pas facile de quitter son pays, de s'embarquer dans un cheminement que l'on sait déjà difficile. Lorsqu'on réussit ses examens, on s'attend à une admission.
Pratiquer la médecine avec un diplôme étranger
Pour pouvoir exercer la médecine au Québec avec un diplôme étranger, il faut passer par plusieurs étapes. D'abord, il faut réussir l'examen d'évaluation du Conseil médical du Canada (CMC), puis l'examen d'aptitude du CMC et enfin l'examen clinique objectif structuré de la collaboration nationale en matière d'évaluation. Cela coûte en moyenne 5000 $.
Une fois ces examens réussis, on obtient le diplôme d'équivalence du Collège des médecins. Ensuite, le candidat doit faire deux années de résidence dans une des quatre facultés de médecine de la province pour avoir le permis d'exercer au Québec.
Avoir une deuxième chance
Les 26 diplômés qui ont été refusés en résidence, mais choisis pour le stage sont heureux de tenter de nouveau leur chance.

Ali Sarabi Jamab
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Ali Sarabi Jamab est admis en stage de mise à niveau à l'Hôpital de Verdun. « C'était l'examen le plus dur de ma vie », assure celui qui a pratiqué la médecine pendant trois ans en Iran. Pendant quatre mois, les stagiaires seront évalués en milieu hospitalier. Ils ont chacun un parcours différent.
Mohamed Salah Al-Azzawi a dû interrompre ses études de médecine en Irak à cause de la guerre. Il les a poursuivies à Istanbul, en Turquie, et en Allemagne. Il fait une maîtrise en science neurologique à l'Université de Montréal, et souhaite se spécialiser en gériatrie. Il commence son stage à l'Hôpital St. Mary.

Mostafa Esmael
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Mostafa Esmael fait aussi un stage à St. Mary. En Égypte, c'était un spécialiste en médecine interne et en soins intensifs. Il vit à Montréal depuis 2013. Il a une maîtrise en biologie moléculaire de l'Université de Montréal et il fait un doctorat à l'UQAM sur le syndrome des ovaires polykystiques.
Il souhaite faire une résidence en médecine familiale et se spécialiser en soins de maternité.

Wiam Akanour est arrivée au Canada juste après ses études en médecine au Maroc.
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Wiam Akanour est diplômée du Maroc. Elle a fait une maîtrise en pharmacologie à l'Université de Montréal. Elle espère que ce stage lui permettra d'obtenir une résidence dans une des facultés de médecine : « Je suis contente, car le CEDIS est la seule occasion d'avoir une pratique récente. »
Sans le programme du CEDIS, ces médecins n'avaient aucune chance de pratiquer au Québec.
Tous ne réussissent pas le stage de mise à niveau, même si « la mission, c'est d'avoir un 100 % de réussite », affirme le Dr Hala Lahlou, de l'Hôpital de Verdun. « Des échecs à annoncer, c'est aussi difficile à dire qu'à entendre. »
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