Grassy Narrows : plus de 90 % des membres de la réserve ont des symptômes d’empoisonnement au mercure

Manifestation de membres de la réserve de Grassy Narrows devant l'Assemblée législative à Toronto (archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
La plupart des habitants des réserves de Grassy Narrows et de la Première Nation Wabaseemoong, dans le nord-ouest de l'Ontario, ont perdu la sensation du toucher au bout de leurs doigts et de leurs orteils, selon une étude d'un groupe de chercheurs japonais.
Il s'agit d'un symptôme typique d'empoisonnement au mercure, explique le Dr Masanori Hanada, qui étudie les séquelles de ce type de contamination depuis 40 ans chez les Autochtones du Canada et dans la communauté de Minimata au Japon.
« Lorsque 90 % à 95 % de la population ont le même problème, pour eux, c'est normal, mais pour nous, les chercheurs, ça ne l'est pas. »
Le Dr Hanada s'inquiète de voir que des tests qu'il a réalisés en 2014 montrent que la nouvelle génération à Grassy Narrows, dont les jeunes âgés de moins de 30 ans, présente elle aussi des symptômes d'empoisonnement, alors que le déversement qui touche la communauté remonte aux années 1960. Une papetière avait alors déversé du mercure dans les cours d'eau de la région.

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Le Dr Hanada et son équipe ont examiné 84 membres des deux communautés autochtones, qui comptent 1750 habitants. Parmi ceux qui ont été examinés, seulement sept n'affichaient pas de symptôme de perte sensorielle.
« Je ne peux pas coudre sans regarder l'aiguille pour voir qu'elle est dans ma main. »
Le Dr Hanada ajoute que d'autres études sont nécessaires pour préciser la source des symptômes chez les jeunes des deux communautés.
« Peut-être qu'il y a du mercure dans leur régime alimentaire ou est-ce les séquelles des 20-30 dernières années? Ce n'est pas normal de voir ça chez la jeune génération », dit-il.
Nettoyage?
Le Dr Hanada affirme qu'il a fallu 25 ans pour nettoyer un déversement similaire au Japon.
Pour le chef de la communauté Grassy Narrows, Simon Fobister père, le temps est venu de penser aux prochaines générations.
« Sans nettoyage, l'empoisonnement (au mercure) va se prolonger et les générations à venir ne seront pas servies. C'est ça qui est ça. »
En juillet, la première ministre Kathleen Wynne a déclaré qu'elle voulait régler le problème, mais qu'elle craignait qu'un nettoyage libère d'autres particules qui contamineraient davantage les cours d'eau.
Le ministre de l'Environnement avait alors indiqué qu'il faudrait au moins un an avant de mettre en place un plan d'action pour nettoyer les cours d'eau.
Mardi, Kathleen Wynne a rappelé que son gouvernement avait débloqué 300 000 $ pour des études plus approfondies sur l'environnement et la population.
