Cloutier est la cible d'insultes violentes après les propos de Lisée le liant à Charkaoui

Alexandre Cloutier, Martine Ouellet et Jean-François Lisée ont rencontré des militants du PQ à Carignan.
La course à la direction du Parti québécois, déjà houleuse, l'est encore plus depuis qu'un tweet de Jean-François Lisée, liant son rival Alexandre Cloutier à l'imam controversé Adil Charkaoui, eût mis le feu aux poudres. Le message a provoqué un torrent d'insultes envers les deux candidats, au point où la police aurait même resserré sa surveillance auprès d'Alexandre Cloutier.
Selon le député de Lac-Saint-Jean, qui a donné un point de presse samedi midi, la SQ analyse désormais les messages qui lui sont adressés sur les médias sociaux et a également demandé à être informé de l'ensemble de ses déplacements. La Sûreté du Québec n'a pas voulu confirmer ni infirmer ces informations.
Jean-François Lisée a insinué hier sur les réseaux sociaux que l'imam controversé Adil Charkaoui avait donné son « appui public » à Alexandre Coutier, des propos qui, selon ce dernier, ont « immédiatement provoqué de sérieux dérapages sur les médias sociaux. [...] J'ai donc reçu en conséquence de nombreuses insultes violentes et des propos haineux basés sur ces informations non fondées ».
La situation a conduit M. Cloutier à inviter Jean-François Lisée à mieux mesurer la portée de ses gestes et de ses propos à l'avenir, une déclaration à laquelle M. Lisée s'est empressé de répondre sur Twitter.
Je condamne avec force toute menace de violence et toute intimidation envers mon collègue @alexcloutier 1/2 https://t.co/v9AW1ovtAO
— Jean-François Lisée (@JFLisee) 17 septembre 2016
Le début de la tempête?
Plus tôt samedi matin, Jean-François Lisée avait lancé un appel au calme devant l'ampleur que prenait le débat, tout en refusant de présenter ses excuses à M. Cloutier.
De passage à Lanoraie, le député de Rosemont a signalé qu'il était entré en contact avec Alexandre Cloutier et que tous les deux avaient convenu d'adopter un ton plus respectueux à l'avenir dans la course à la direction du parti. M. Lisée a affirmé également qu'il s'est rendu compte que la position des deux candidats sur la laïcité, à l'origine des échanges houleux entre les deux camps, n'était pas si éloignée l'une de l'autre.
« Je considère que le niveau de décibels hier de part et d'autre était un petit peu trop élevé à mon goût. J'en appelle aujourd'hui à revenir de nos émotions. [...] Sur les trois quarts des positions [sur la laïcité] on dit la même chose. »
De son côté, Alexandre Cloutier a exprimé sa déception à la suite de tous ces événements.
« En près de 10 ans de vie politique et parlementaire, il s'agit de l'attaque la plus dure et mal fondée commise à mon endroit. Je suis profondément déçu qu'elle soit venue d'un collègue issu de ma propre formation politique. »
Une réaction qui en emmène une autre
La controverse a explosé lorsque Jean-François Lisée a répliqué, vendredi, aux critiques de la députée Agnès Maltais, une partisane affirmée de Cloutier, qui lui reprochait de tenter de faire peur aux Québécois en voulant rouvrir le débat sur le port du niqab et de la burqa en public.
« Toute une offensive de l'équipe Cloutier contre moi. [...] Mais Adil Charkaoui appuyant publiquement Alex, c'était prévu? », a écrit en fin de journée, vendredi, Jean-François Lisée.
M. Lisée faisait référence à un autre message publié sur Facebook, par le Collectif québécois contre l'islamophobie, que dirige Adil Charkaoui, en lien avec le débat sur la laïcité dans la course à la direction du PQ. Mercredi, le collectif avait affirmé : « Cloutier plaide pour l'ouverture et le renouveau alors que Lisée s'enfonce dans un débat identitaire et dans l'héritage de la charte islamophobe de Drainville. »
L'organisation d'Alexandre Cloutier a exigé de Jean-François Lisée qu'il « retire ses propos et présente ses excuses ». Ce dernier avait ensuite reformulé ses paroles sur les réseaux sociaux vendredi soir.
« Je vois que certains prennent cette publication au premier degré. Oui, Charkaoui a dit du bien d'Alexandre. Mais il s'agit de fleurs qu'Alexandre n'a ni souhaitées ni sollicitées, bien évidemment. »
Adil Charkaoui a lui-même nié tout appui de sa part au député de Lac-Saint-Jean.
Réprobation de la part d'autres membres du PQ
Martine Ouellet, autre candidate à la direction du parti, n'a pour sa part pas apprécié la sortie de ses deux adversaires.
« Je déplore le fait que mes deux collègues candidats se soient jetés tête baissée dans ce débat-là. Le même genre de stratégie perdante que 2014, et en plus avec une amplification de la démagogie », a-t-elle dit en entrevue à ICI RDI.
Par ailleurs, sur les réseaux sociaux, certains des partisans d'Alexandre Cloutier ont également fait part de leur désapprobation devant les propos de M. Lisée.
Assez de déformer la réalité Jean-François
— Louise Harel (@Louise_Harel) 16 septembre 2016
Procédé nauséabond! https://t.co/DU4q4DS0ra
Pour sa part, le chef intérimaire de la formation, Sylvain Gaudreault, a senti le besoin, vendredi, de lancer un appel « au calme, à la sérénité et à l'unité ».
Dans un message publié sur son compte Twitter et sur sa page Facebook, Sylvain Gaudreault rappelle que la course au leadership doit se dérouler « dans le respect et dans un esprit de collégialité. »
Samedi après-midi, devant 200 militants rassemblés à Carignan, les candidats à la course à la direction ont tout de même tenté de montrer le portrait d'une famille unie.