Une activité à caractère sexuel sème la controverse à l'Université du Québec en Outaouais

Une activité organisée par des étudiants de l'UQO sème la controverse
Une activité organisée par l'équipe des Jeux de la communication de l'Université du Québec en Outaouais (UQO), jeudi soir, sème la controverse au sein de l'établissement en raison de son contenu à caractère sexuel.
Une liste promettant une récompense aux participants qui relèveraient une douzaine de défis osés a été distribuée au cours d'une fête sur le campus, qui était ouverte aux étudiants de diverses facultés.
« Si tu embrasses une fille 1 [point] Si tu prends une photo d'une brassière 1 [point] », peut-on notamment lire sur la feuille intitulée « Les 12 travaux d'Hercule ».
Plusieurs étudiants dénoncent l'initiative et estiment qu'elle fait la promotion de la culture du viol. C'est le cas de Camille Leclerc, qui assistait à la soirée.
« On a sous les yeux la preuve que, dans l'UQO, il y a des activités qui perpétuent la culture du viol. L'Université prétend qu'il n'y en a pas entre les murs de l'UQO », dit-elle. « Mais là, on a la preuve sous le nez. »
Le jeu a été annulé
Devant la réaction de certains étudiants présents à la fête, le jeu a été annulé. Les responsables du bar étudiant Le Tonik, où l'événement avait lieu, affirment qu'ils ont demandé aux organisateurs de quitter la salle, dès qu'ils ont eu vent des « 12 travaux d'Hercule. »
En soirée, les membres de la délégation de l'UQO aux Jeux de la communication ont réagi. « Le document en question n'est pas officiel et était encore moins prévu dans la programmation de la soirée d'intégration », peut-on lire dans une publication sur Facebook.
« Personne n'a été forcé à suivre les instructions incluses sur cette feuille n'ayant en aucun cas été remise par nous aux participants de la soirée. »
« Nous espérons que vous saurez nous pardonner de ce manque de jugement », racontent les organisateurs.
Les JDLC UQO entendent se plier à toutes les demandes qui seront émises par les recteurs de l'Université.
Plus tôt en journée, les organisateurs ont écrit sur leur page Facebook « que le programme n'a pas eu lieu et a été annulé pour répondre aux valeurs de l'Université ».
Les Jeux de la communication sont une olympiade interuniversitaire au cours de laquelle des étudiants en journalisme et en communication de diverses universités s'affrontent dans des épreuves telles que la production d'un bulletin de nouvelles et la préparation de capsules sportives. La prochaine mouture de l'événement doit avoir lieu à l'Université de Sherbrooke.
Financement suspendu
L'Association générale des étudiants de l'Université du Québec en Outaouais (AGE-UQO) dit pour sa part déplorer des « événements encourageant la culture du viol ».
L'association étudiante annonce du même coup la suspension du financement relié aux Jeux de la communication.
« L'Association souhaite rappeler à tous ses membres que toutes activités contenant des défis à caractère sexuel sont répréhensibles et proscrites », indique-t-elle dans un communiqué.
L'Université « condamne le geste »
La réaction du recteur de l'UQO ne s'est pas fait attendre. Denis Harrisson affirme que l'établissement prend la situation au sérieux.
« Ça va tout à fait à l'encontre des valeurs de l'Université », a-t-il affirmé au cours d'un point de presse, vendredi matin. « Ça va à l'encontre [...] de notre code de conduite. »
M. Harrisson a souligné qu'une enquête sera lancée pour faire la lumière sur les événements. Il a rappelé que ce genre de comportement peut mener à des sanctions allant jusqu'à l'expulsion de l'Université.
Il a d'ailleurs envoyé un message aux étudiants et au personnel de l'Université pour leur rappeler que les inconduites de nature sexuelle ne sont pas tolérées. Il évite toutefois de parler de culture du viol.
« En ce début d'année académique, je vous rappelle que la direction de l'UQO ne tolère pas les propos sexistes, ni la discrimination, ni le harcèlement à caractère sexuel et encore moins les agressions sexuelles sur le campus ou hors campus. Le harcèlement sexuel dans ses diverses manifestations est inacceptable. »
M. Harrisson a indiqué qu'il s'agit du premier incident du genre impliquant l'équipe des Jeux de la communication de l'UQO.
Le comité organisateur des Jeux de la communication réagit
Les responsables des Jeux de la communication, qui auront lieu à l'Université de Sherbrooke, en mars prochain, font écho aux propos de l'AGE-UQO et du recteur Harrisson.
« Le comité organisateur des Jeux de la communication condamne et se dissocie entièrement de cette situation », font-ils savoir par voie de communiqué. « Il n'a jamais été consulté ou n'a [sic] entériné cette initiative, qui ne transmet en aucun cas les valeurs des Jeux. »
Les organisateurs soulignent que les comportements en question vont à l'encontre du principe d'égalité entre les hommes et les femmes. Ils indiquent qu'ils ont contacté l'ensemble des délégations attendues aux Jeux de la communication pour faire le point.
Avec les informations de Jérôme Bergeron, Laurie Trudel et Lorian Bélanger