Tolérance zéro envers les immigrants illégaux criminels, promet Trump

Photo : Gerald Herbert
Le candidat républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump, entend expulser les 2 millions d'immigrants qui ont des antécédents criminels dès son arrivée à la Maison-Blanche. Il a prononcé à Phoenix, en Arizona, un discours très attendu sur sa plateforme en matière d'immigration.
Donald Trump a commencé son allocution mercredi en rappelant les cas d'Américains assassinés par des immigrants illégaux. Il a blâmé les politiques poursuivies par le président Barack Obama et son adversaire démocrate Hillary Clinton.
Le républicain a exclu la possibilité de régulariser le statut des immigrants clandestins. Il affirme qu'ils devront retourner dans leur pays et soumettre une demande d'immigration pour rentrer aux États-Unis.
« Notre message au monde sera : vous ne pourrez pas obtenir de statut légal ni devenir citoyen des États-Unis en entrant illégalement dans notre pays. »
Pourtant, la semaine dernière, Donald Trump avait semblé « adoucir » sa position en matière d'immigration illégale. Il avait déclaré qu'un grand nombre des 11 millions d'étrangers sans papiers vivant aux États-Unis étaient des « gens formidables » qui apportaient leur contribution à la société américaine.
Lors de son discours à Phoenix, le candidat républicain à la présidentielle américaine a réitéré son intention de construire un mur le long de la frontière américaine avec le Mexique, quelques heures après sa rencontre avec le président mexicain Enrique Peña Nieto.
« Le Mexique paiera pour le mur, croyez-moi, à 100%. »
Donald Trump veut aussi mettre en place ce qu'il qualifie de test idéologique pour la sélection des immigrants, afin de s'assurer qu'ils partagent les valeurs du peuple américain et aiment les États-Unis.
Maintien de la ligne dure
La ligne dure que Donald Trump a tenue envers les immigrants illégaux n'est pas étrangère à sa victoire lors de l'investiture républicaine. Un changement de cap pourrait lui aliéner certains électeurs, selon plusieurs analystes politiques.
Cette position constitue toutefois un repoussoir pour une certaine partie des électeurs indépendants, qu'il doit attirer dans son camp s'il compte renverser la vapeur, lui qui traîne dans les sondages, plus favorables à Hillary Clinton.
La candidate démocrate est aussi en avance dans les intentions de vote des électeurs d'origine latino-américaine, dont le vote pourrait être déterminant dans certains États le jour du scrutin.
Une visite au Mexique
Plus tôt mercredi, Donald Trump a rencontré le président Enrique Peña Nieto à Mexico, où il a maintenu que les États-Unis étaient en droit d'édifier un mur à la frontière mexicaine.
L'homme d'affaires américain a expliqué qu'un mur pourrait contribuer à mettre un frein à l'immigration clandestine ainsi qu'au trafic de drogues et d'armes. Donald Trump estime qu'une frontière sécurisée est un droit souverain et d'intérêt mutuel.
Donald Trump a qualifié d'« excellente » sa rencontre avec Enrique Peña Nieto. Les deux hommes s'entendent sur le fait qu'il faut revoir l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et qu'il est nécessaire de s'assurer que les emplois manufacturiers restent en Amérique du Nord.
Le républicain a soutenu que la question du financement de la construction du mur n'avait pas été évoquée.
« Nous avons effectivement parlé du mur. Nous n'avons pas évoqué son financement. Ce sera pour plus tard. C'était une rencontre tout à fait préliminaire. »
Il a toutefois été contredit par le président mexicain sur Twitter. « Au début de cette conversation avec Donald Trump, j'ai souligné que le Mexique ne paierait pas ce mur », a écrit Enrique Peña Nieto.
Le président mexicain a d'ailleurs déclaré, quelques heures après sa rencontre avec M. Trump, que certaines des politiques du candidat républicain représentaient une menace pour son pays. Il a ajouté qu'il avait invité Donald Trump au Mexique pour faire face à ces menaces.
Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées dans le centre de Mexico pour dénoncer la visite de M. Trump.
Une rencontre qui surprend
Cette rencontre avec un dirigeant étranger - une première pour M. Trump - ne manque pas d'étonner, dans la mesure où le milliardaire a lancé sa candidature en juin 2015 en accusant le Mexique d'envoyer aux États-Unis une bande de dangereux criminels.
« Quand le Mexique envoie ses gens, ils n'envoient pas les meilleurs », avait-il lancé. « Ils envoient des gens qui ont beaucoup de problèmes, et ils amènent ces problèmes avec eux. Ils amènent de la drogue. Ils amènent des crimes. Ce sont des violeurs », avait-il dit.
Le reste de sa campagne s'est bâtie entre autres sur sa promesse de construire, sitôt élu, un mur à la frontière américano-mexicaine, aux frais du gouvernement mexicain. L'affaire lui avait valu une volée de bois vert du président Peña Nieto.
Dans une entrevue accordée en mars dernier, le président mexicain avait comparé le langage utilisé par M. Trump à celui autrefois utilisé par les dictateurs Adolf Hitler et Benito Mussolini.
Les visites à l'étranger des candidats à la présidence constituent toujours un risque. En 2012, le candidat républicain Mitt Romney avait multiplié les gaffes lors de ses visites dans des pays étrangers, comme le Royaume-Uni, Israël et la Pologne.