André Melançon est décédé

André Melançon
Photo : La Presse canadienne / PC/Graham Hughes
Le cinéaste André Melançon a marqué toute une génération avec ses films La guerre des tuques et Bach et Bottine. Il est décédé mardi à 74 ans, après avoir combattu la leucémie.
En 1984, André Melançon est aux premières loges d'un phénomène cinématographique jamais vu auparavant au Québec. Son film La guerre des tuques, le premier de la série des Contes pour tous, connaît un immense succès en salle ici comme ailleurs dans le monde. Produit par Rock Demers, il est aujourd'hui considéré comme un véritable film culte. Son adaptation en film d'animation a également bien fait aux guichets l'hiver dernier.
Deux ans plus tard, Melançon réalise Bach et Bottine, avec Mahée Paiement dans le premier rôle, qui est également couronné de succès. Le cinéaste tourne son dernier Conte pour tous, Fierro… l’été des secrets, en 1989.
Psychoéducateur avant d’être cinéaste, il exprime au grand écran son intérêt pour la famille et l'enfance à partir des années 70. En tout, il réalise et scénarise une douzaine de films dans le genre, dont les derniers sont le documentaire Les trains de la vie, paru en 2013, et La gang des hors-la-loi, en 2014.
Cinq oeuvres marquantes d'André Melançon
1978 - Comme les six doigts de la main
1984 - La guerre des tuques
1986 - Bach et Bottine
1997 - Cher Olivier (série télé)
2002 - Asbestos (série télé)
André Melançon réalise également des oeuvres destinées à la télévision, notamment la série Ces enfants d'ailleurs II et l’adaptation de la pièce Albertine, en cinq temps (coréalisée avec Martine Beaulne). Sa série Cher Olivier, sur le comédien Olivier Guimond, est récompensée par neuf prix Gémeaux.
Au cours de sa carrière, André Melançon a dirigé beaucoup d'enfants comédiens prodiges, dont Mahée Paiement dans Bach et Bottine, et Xavier Dolan dans une quarantaine de publicités pour les pharmacies Jean Coutu.
« Je travaillais beaucoup avec les enfants. Je reconnaissais un enfant qui avait de l'instinct. Quand tu travailles avec Mahée Paiement, par exemple, tu te rends compte que cette fillette-là avait cet instinct du jeu. »
Il réussit à chaque fois à tirer le meilleur de ces jeunes interprètes. La guerre des tuques, film tourné en plein milieu de l'hiver, s'est notamment avéré un important défi.
« On tournait à sept heures moins quart, et là, je coupais et je disais : "On va la refaire. Jacques, articule un peu, mon copain. Je n'entends pas ce que tu me dis." Et là, j'entendais le petit gars qui disait : "Je ne suis pas capable... Je peux avoir un chocolat chaud?" Les enfants ont été d'un courage immense. Les 18 étaient là tout le temps. »
Son don unique pour diriger les enfants a transformé le cinéma jeunesse au Québec, qui s'est affranchi du modèle de Walt Disney.
« Il se mettait à notre niveau »
Le respect avec lequel l'homme s'adressait aux enfants a marqué Maripierre A. D'Amour, l'interprète de Sophie, la chef de bande de La guerre des tuques, qui a raconté son expérience à l'émission 24/60.
« Il se mettait à notre niveau, il s'agenouillait pour nous parler [...] C'était humain, c'était senti. »
Cette façon bien singulière de travailler auprès d'enfants sans formation d'acteur transparaît dans chacun de ses films, croit Cédric Jourde, qui a personnifié Luc Chicoine, le chef de la bande rivale dans La guerre des tuques.
« Comme on n'était pas des acteurs, souvent, il faisait un peu les répliques pour nous à la manière d'un enfant. On le voit aussi dans ses autres films où il y a des enfants. On reconnaît les intonations, la sonorité, le type de répliques d'André. C'est incroyable! »
En tant que comédien, André Melançon a interprété le rôle-titre dans Taureau, de Clément Perron, en 1973. Denys Arcand et Yves Simoneau lui ont aussi offert des rôles. Il a également été entraîneur vedette de la Ligue nationale d'improvisation pendant de nombreuses années.
Depuis 1997, il transmettait son métier aux jeunes en donnant des cours à l'Institut national de l'image et du son (INIS), dont il était l'un des membres fondateurs.
Après avoir reçu l'Ordre national du Québec en 2013, Melançon a reçu un hommage de la part du milieu du cinéma lors de la Soirée des Jutra, en 2015.
24/60 : table ronde avec Marie-Christine Trottier, Benoît Brière, Maripierre A. D'Amour et Cédric Jourde

Il a marqué une génération avec La Guerre des tuques et Bach et bottine. Le réalisateur André Melançon meurt à 74 ans. Entrevue avec Marie-Christine Trottier, Benoît Brière, Marie-Pierre A. D'amour et Cédric Jourde.
Ségolène Roederer, directrice de Québec Cinéma, et le comédien Marcel Leboeuf réagissent au décès d'André Melançon :

André Melançon dirige Mahée Paiement et Raymond Legault dans le film « Bach et bottine »
Photo : Productions La Fête
Regardez l'entrevue d'André Melançon avec Maxence Bilodeau en mars 2015 :

André Melançon
Photo : ICI Radio-Canada