Quelles sont les destinations préférées des touristes? La réponse en carte
Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La croissance exponentielle du tourisme dans le monde se poursuit. Si l'Europe reste une valeur sûre, de nouvelles destinations se profilent, alors que la menace terroriste vient parfois brouiller les cartes. Tour d'horizon.
Avec 84,5 millions de visiteurs en 2015, la France se maintient au sommet du palmarès des pays les plus prisés des touristes. En fait, parmi les 10 premières destinations, on trouve six pays européens.

Les touristes internationaux sont ceux qui voyagent pour leurs loisirs dans un pays dans lequel ils n'ont pas leur résidence usuelle pour une période de moins de 12 mois. Les méthodologies varient selon les pays : certains incluent parmi les touristes leurs citoyens vivant à l'étranger, mais d'autres ne le font pas. Puisque les données comptabilisent le nombre d'arrivées, une même personne peut être comptée plusieurs fois si elle voyage à répétition dans le pays.
Photo : Radio-Canada
La version originale de ce document a été modifiée. Pour des raisons techniques, la version interactive de la carte n'est plus disponible.
Le Vieux Continent que 609 millions de personnes ont visité en 2015 demeure une valeur sûre. Ce sont 28 millions de personnes de plus qu'en 2014.
Les attentats de novembre 2015 ont entraîné une diminution perceptible des visiteurs étrangers en France au dernier trimestre de l'année. Mais déjà, au cours des premiers mois de 2016, on constatait une remontée.
Le tourisme est vraiment très résilient. Ça se poursuit malgré des attentats ou des catastrophes naturelles, comme le tsunami en Thaïlande. Il y a un impact, mais il est de courte durée.
L'impact du terrorisme

La plage de Nice
Photo : Radio-Canada/Raphaël Bouvier-Auclair
La donne pourrait-elle changer avec l'attentat de Nice, le troisième en sol français en un an et demi?
Les experts du secteur anticipent une baisse temporaire, puis un retour à la normale. C'est ce qui s'est produit par le passé dans des cas semblables. Habituellement, après quelques semaines ou quelques mois, la crainte s'estompe et les touristes reviennent.
Les choses risquent toutefois d'être différentes en Turquie après le coup d'État manqué. En effet, il ne s'agit pas d'un événement isolé, puisque le pays s'est retrouvé à répétition dans la ligne de mire des terroristes au cours des derniers mois, notamment avec l'attentat à l'aéroport d'Istanbul qui a fait 42 morts et 238 blessés le 28 juin.
Perçue comme plus instable, la Turquie risque d'être boudée par les voyageurs étrangers. Selon les données de l'Organisation mondiale du tourisme, leur nombre a déjà baissé de 16 % au premier trimestre 2016 comparativement aux mêmes dates de l'année 2015.
« Le nombre de touristes [qui visitent la Turquie] continuera probablement à baisser en 2016, après une diminution modeste en 2015 », prévoit la Commission européenne du tourisme.

Des manifestants contre le coup d'État qui a échoué en Turquie
Photo : La Presse canadienne / Emrah Gurel
Un constat partagé par Nadejda Popova, analyste à Euromonitor International. « L'attaque terroriste contre l'aéroport d'Istanbul et le coup d'État manqué auront d'autres impacts négatifs, pas seulement sur Istanbul [... ] mais sur l'ensemble de l'industrie touristique du pays », précise-t-elle.
Comme il ne s'agit pas du premier incident dans le pays, cela pourrait avoir un impact à plus long terme. Les opérateurs de croisière ont décidé de suspendre leurs escales en Turquie et de les remplacer par des arrêts en Grèce.
Une attaque isolée ne peut affaiblir toute l'industrie, mais des attaques répétées vont assurément empêcher son développement.
C'est ce qui s'est produit en Tunisie. Durement frappé par le terrorisme au cours des dernières années, notamment avec deux attentats visant spécifiquement les touristes, le pays a enregistré une forte baisse de la fréquentation touristique, qui a chuté de 25 % entre 2014 et 2015.
Outre la France, on retrouve dans les premières positions des principales destinations touristiques dans le monde l'Italie, l'Espagne et les États-Unis. Des pays émergents, comme la Chine, la Russie ou le Mexique commencent toutefois à se tailler une place dans le palmarès.
Parmi ceux qui ont connu la plus forte croissance en 2014 et 2015, on retrouve la Birmanie, le Japon, le Mexique, la Grèce et l'Islande. La Thaïlande, qui avait connu une baisse du nombre de touristes en 2014 à la suite d'une crise politique, a vu ce nombre fortement remonter en 2015.
Une offre accrue
Au cours des dernières années, le tourisme mondial s'est diversifié. Les visiteurs se répartissent maintenant entre un nombre croissant de destinations.
- En 1950, les cinq premiers pays du classement attiraient 71 % des visiteurs; en 2014, ils n'en attirent plus que 29 %.
- Alors que les 15 premiers pays représentaient 97 % des arrivées en 1950, ils n'en représentent plus que 45 % en 2014.
Avant, le tourisme se faisait seulement dans quelques pays, maintenant les flux touristiques se sont étendus géographiquement et touchent la quasi-totalité des pays.
C'est aussi parce qu'il y a de plus en plus de voyageurs qui veulent découvrir le monde. Ceux qui ont déjà visité l'Europe sont friands de nouvelles destinations, comme la Birmanie, qui a triplé son nombre de visiteurs de 2010 à 2014.
Qui dit augmentation du nombre de touristes dit aussi hausse des recettes. Celles-ci ont crû de façon phénoménale au cours des dernières décennies. L'Europe, qui se taille la part du lion dans ce secteur, a ainsi pu encaisser 509 milliards de dollars en revenus touristiques en 2014.
Ce sont les 128 millions de touristes chinois qui ont dépensé le plus en 2015, soit 292 milliards de dollars. C'est une hausse exponentielle depuis le début des années 2000 et l'assouplissement des voyages à l'étranger pour les citoyens de la République populaire. Ces voyageurs visitent surtout les pays de la région, notamment le Japon et la Thaïlande, mais aussi les États-Unis et l'Europe.
Même si le pourcentage de la population qui voyage à l'étranger n'est pas si important, les Chinois sont tellement nombreux que ça finit par représenter un marché très lucratif.
Les autres grands voyageurs sont les Américains et les Allemands. Les Canadiens, eux, arrivent au 7e rang mondial, juste après la France.
Le Canada, qui était la 2e destination la plus prisée au monde en 1950 a peu à peu dégringolé et se retrouve maintenant en 17e position. C'est surtout dû à la désaffection des Américains, qui représentent 70 % des visiteurs au pays, et qui se tournent maintenant vers d'autres cieux.

Des gens marchent sur la rue Ferran au centre de Barcelone, le 28 juin 2015.
Photo : Getty Images / QUIQUE GARCIA
L'Organisation mondiale du tourisme prévoit que le nombre de touristes va continuer de croître au rythme de 3,3 % par année d'ici 2030, pour atteindre 1,8 milliard de voyageurs. N'y a-t-il pas un risque de saturation dans certaines destinations?
Paris, Rome, Barcelone ou Venise sont déjà envahies par des hordes de touristes, au grand déplaisir de certains de leurs habitants. « Si on regarde à long terme, il va y avoir des enjeux de saturation », reconnaît Maïthé Levasseur. « Certains pays vont vouloir limiter les arrivées des touristes. »
La mairesse de Barcelone, Ada Colau, a ainsi imposé l'année dernière un moratoire sur l'ouverture de nouveaux hôtels dans sa ville, citant l'impact négatif du tourisme de masse. Elle se donne deux ans pour mettre en place de nouvelles façons de réguler le flux de 8,3 millions de touristes qui déferlent annuellement sur la capitale catalane et qui sont source d'irritation chez certains Barcelonais.
La Croatie, avec ses 4 millions d'habitants, reçoit 12 millions de touristes. L'Islande, qui en a 323 000, reçoit 1,3 million de visiteurs.
Pour sortir des sentiers battus, vous pourrez toujours vous rabattre sur les pays les moins visités. Il s'agit surtout de petites îles du Pacifique, telles que les îles Marshall et Salomon, Kiribati et Tuvalu.