Priorité Gaspésie, pour stimuler l'achat local

Une cliente participante au programme Priorité Gaspésie
Photo : Léa Beauchesne
Lancé officiellement en décembre 2015, le programme d'achat local Priorité Gaspésie gagne tranquillement du terrain. Le nombre d'utilisateurs vient de dépasser la barre des 4000 et dès la semaine prochaine, le nombre de commerçants participants passera à 34.
Le concept est similaire aux populaires cartes de points offertes par de nombreux grands magasins. En présentant sa carte Priorité Gaspésie dans les commerces participants, le consommateur accumule des ristournes en dollars qu'il peut dépenser chez ces mêmes marchands.
Le programme est dirigé par la Chambre de commerce Baie-des-Chaleurs. Son directeur, Maurice Quesnel, tentait depuis plusieurs années de trouver une manière d'éviter les fuites commerciales.
« On parle beaucoup d'achat local, mais qu'est-ce qu'on fait pour le consommateur? On est content quand il vient, mais on n'a rien pour le remercier. C'est un programme de fidélisation de clientèle », dit-il.
Le marchand donne la ristourne de son choix au consommateur. À la Boutique Sylvie de Carleton-sur-Mer, 2 % sont remis sur chaque achat. « On aime que le monde magasine en région et non sur Internet ou qu'ils aillent magasiner ailleurs. On trouvait que c'était un bon point pour garder notre clientèle en région », affirme Judith Leblanc, copropriétaire de la boutique.
« On voit qu'il y en a qui commencent à avoir de bons montants dessus. Des 30$ d'accumulés depuis décembre. »
En tant que commerçante en région, elle trouve difficile de se battre contre le commerce en ligne. « On explique tout le temps au client: à un moment donné, vous allez vouloir une paire de bas... puis il n'y en aura plus de boutique pour la paire de bas », lance-t-elle.
Quelques chiffres:
- 4112 cartes actives
- 18 592 $ accumulés par les utilisateurs en ristournes
- 903 000 $ en transactions
- 780$ par année par commerçant pour joindre le programme
- 34 marchands participants de Paspébiac à Nouvelle
Certaines réserves
Plusieurs commerçants refusent de rejoindre le programme, qu'ils considèrent comme une dépense inutile. Le consommateur utilise gratuitement sa carte, mais pour le détaillant, il faut débourser 65 $ par mois pour adhérer à Priorité Gaspésie et profiter des outils promotionnels. S'ajoute à cela le pourcentage de ristournes que le commerçant souhaite remettre au client.
Le directeur de la Chambre de commerce Baie-des-Chaleurs, Maurice Quesnel, estime que cela doit être vu comme un investissement. « C'est certain qu'on veut convaincre le plus de personnes possible d'adhérer. On veut que les commerçants le voient comme un investissement, pas comme une dépense. Il va falloir leur prouver que de favoriser l'achat local, ça a un impact positif dans la région. Et pour ça, il faut dire merci aux consommateurs », explique-t-il.
La Chambre de commerce a déboursé 50 000 $ pour acquérir le programme dont l'élaboration a couté plus d'un million de dollars à ses créateurs. Chaque mois, elle doit également verser 40 $ par commerçant à la compagnie mère pour payer les frais liés à la logistique et à l'informatique.
Mouvements alternatifs
Plusieurs moyens alternatifs de favoriser l'achat local gagnent également du terrain dans la Baie-des-Chaleurs.
Le Demi gaspésien a fait couler beaucoup d'encre depuis sa création l'automne dernier. Le concept est simple: les utilisateurs paient avec des billets de 20$ coupés en deux. Un citoyen qui coupe son billet s'assure ainsi que cet argent restera dans la communauté puisqu'il n'est accepté que chez des commerçants de la région.
L'un de ses créateurs, Martin Zibeau, croit au concept de Priorité Gaspésie, mais estime qu'il faudra voir si les sommes investies dans sa mise en place amènent les résultats escomptés: « L'idée est bonne, mais c'est loin d'être par et pour les gens. Je pense qu'il faut peut-être miser sur des systèmes davantage axés sur de l'autogestion. On n'a pas nécessairement besoin de mettre autant d'argent non plus. »
De son côté, il investit son énergie dans le développement de projets comme le SEL de Mer, un système qui mise sur l'échange de temps et de services.