La soie d'Amérique trop chaude pour l'Himalaya

Jean-François Tardif au pied de l'Everest, avec son anorak en fibre d'asclépiade.
Photo : Jean-François Tardif
Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un alpiniste amateur a porté des vêtements en fibre d'asclépiade sur l'Everest. Et il a eu un peu trop chaud. Au tour maintenant des employés de la Garde côtière canadienne de tester la fameuse soie d'Amérique.
L'alpiniste Jean-François Tardif n'a pas atteint le sommet de l'Everest pour des raisons de santé, mais il a testé ses vêtements et sa couverture en fibre d'asclépiade, aussi baptisée soie d'Amérique. « Bien assez chaud - sinon trop - pour l'Himalaya », a-t-il confié à la caméra, au pied du mont, à 7000 m d'altitude. Les températures y étaient anormalement élevées pour le mois de mai. Minimum : moins 22 degrés. Maximum : 25 degrés au soleil.

« Le Kungu, ce sont des blocs de glace de la grosseur d'une maison. Personne, même les sherpas, ne veut y rester bien longtemps », raconte Jean-François Tardif.
Photo : Jean-François Tardif
Pour cette expédition mémorable, il avait à tester deux vêtements doublés en soie d'Amérique : un anorak léger et une combinaison d'une pièce. Il a enfilé la combinaison une seule fois pour la tester. Il est allé s'asseoir dans la neige pour voir s'il sentait le froid. « Avec la température qu'on a eue, on aurait pu mettre moins d'isolant dans l'habit. On avait déjà coupé de moitié; il aurait fallu réduire encore. »
Il a par contre porté l'anorak tous les jours. Il a fait accidentellement un accroc dans une manche avec un crampon quand le vêtement était au sol. « Je me suis servi de cet accroc pour montrer aux gens comment c'était mince. » Il explique que les habits de duvet de ses compagnons étaient beaucoup plus volumineux que le sien.
Il a aussi utilisé une couverture mince en fibre d'asclépiade. Il s'en est servi comme tapis de sol, et il n'a pas du tout senti le froid de la glace.
Même compressée, la soie d'Amérique garde sa chaleur, si on la compare au duvet. Et on va la comparer au duvet tout le temps. Le duvet, dès qu'on l'écrase, c'est fini. On gèle. C'est pour ça qu'il ne faut pas le mouiller.
« On semble avoir de la difficulté à s'ajuster sur la masse de l'isolant, parce qu'on nous dit toujours que c'est trop chaud. Ce qu'on sait actuellement, c'est que ça fait l'affaire. On peut porter ça dans des froids extrêmes », conclut François Simard, PDG d'Encore 3 et producteur de la fibre d'asclépiade.
Pendant deux ans, la fibre de cette ancienne mauvaise herbe, l'asclépiade, a été testée pour ses diverses propriétés remarquables. Cette fibre microscopique et creuse est un excellent isolant thermique, qui, en plus, repousse l'eau.

L'asclépiade ou soie d'Amérique
Photo : Radio-Canada/Jean-Michel Leprince
La soie d'Amérique sera commercialisée sous le nom de Fibre Monark, en référence au papillon monarque. L'asclépiade est l'unique plante dont les larves du monarque se nourrissent et sur laquelle les papillons pondent leurs œufs.
Cette fibre est stabilisée en un voile d'épaisseur différente, selon le besoin. A priori, on pourra fabriquer des vêtements d'hiver très chauds et très minces également.
Un contrat pour la Garde côtière canadienne
On la trouvera, à l'essai, dans des vêtements de la Garde côtière canadienne, destinés au personnel qui travaille sur les brise-glace. Sept cents sous-vestes, autant de paires de gants et de mitaines et 100 combinaisons d'une pièce. « C'est un beau contrat obtenu grâce au Programme Innovation Construire au Canada », explique Janique Scott, présidente de Fibre Monark
Ce genre de programme nous permet de faire une validation à grande échelle. Après la récolte de l'automne 2016 sur 100 hectares, nous aurons beaucoup de fibres disponibles que nous pourrons convertir en isolant. De là, on pourra nourrir le marché à partir de 2017.
À surveiller donc en 2017, le marché grand public de manteaux, d'anoraks, de bottes, de gants; tout ce qui a besoin d'être chaud et imperméable.
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