Commotions cérébrales : l’Ontario, première province à adopter une loi

Commotion cérébrale
Photo : iStock
L'Ontario est devenue, mardi, la première province canadienne à adopter une réglementation pour prévenir les commotions chez les jeunes athlètes. Et le gouvernement fédéral veut mettre en place une stratégie nationale d'ici un an.
Le projet de loi Rowan, du nom de la jeune joueuse de rugby qui a perdu la vie durant un match à Ottawa alors qu'elle n'avait que 17 ans, a été adopté à Queen's Park, peu avant 18 h, mardi.
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Le dispositif vise à proposer un encadrement pour les jeunes sportifs et à prévenir les commotions. L'objectif est de sensibiliser autant les jeunes sportifs que les entraîneurs et les parents.
Concrètement, il permettrait d'instaurer un protocole très serré qui exigerait une autorisation d'un médecin afin qu'un jeune qui a été blessé puisse retourner au jeu. Par ailleurs, dès qu'il y a un soupçon de commotion, la personne concernée se verrait retirée du jeu afin de recevoir les soins qui s'imposent.
Un long chemin parcouru
Pour les parents de Rowan Stringer, c'est l'aboutissement d'un long combat. La jeune femme est morte en 2013 après avoir reçu un violent coup à la tête durant un match de rugby avec son école du quartier de Barrhaven, à Ottawa.
Dans les jours qui ont précédé l'incident, l'adolescente, qui était la capitaine de l'équipe, avait déjà subi plusieurs commotions cérébrales.
Son père, Gordon Stringer, se réjouit que sa fille soit devenue le visage de la lutte pour la sécurité des jeunes sportifs.
« Pour nous, c'était une tâche motivée par l'amour. C'est une partie de l'héritage que Rowan laissera derrière elle. C'est une loi très importante pour les Ontariens, mais aussi pour les Canadiens. C'est la première fois qu'une telle loi est adoptée au Canada », explique-t-il.
Les commotions cérébrales en chiffres
Selon un sondage de Statistique Canada, chaque année, 18 000 adolescents de 12 à 19 ans subissent une commotion cérébrale en pratiquant une activité sportive.
Selon l'Agence de la santé publique du Canada :
- Plus de 50 % des blessures chez les jeunes et les adolescents traitées en urgence sont liées à des activités sportives et récréatives, les commotions étant le type de blessure le plus fréquent;
- Entre 2004 et 2014, on a rapporté une augmentation d'au moins 40 % des blessures à la tête chez les enfants et les adolescents, dans des sports comme le hockey, le football et le soccer;
- Selon les estimations, plus de 155 000 Canadiens ont subi une commotion cérébrale en 2014.

Ottawa se donne un an pour agir
Le gouvernement fédéral a annoncé son intention de se pencher sur le problème des commotions cérébrales. Cela fait même partie du mandat de la ministre des Sports à Ottawa, Carla Qualtrough, qui promet une stratégie nationale d'ici un an, selon ce qu'a appris Radio-Canada.
Le sujet doit être abordé mercredi et jeudi, lors de la rencontre des ministres fédéral et provinciaux des Sports, qui se déroulera en Alberta.
La ministre Qualtrough veut soumettre trois idées principales aux provinces et aux organisations sportives pour mettre en place cette stratégie :
- Sensibilisation et formation des entraîneurs, athlètes et parents;
- Aide à la reconnaissance des symptômes d'une commotion cérébrale;
- Obligation pour un athlète qui a subi une commotion de consulter un médecin avant de reprendre ses activités.
« S'il y a un système protocolaire qui est à la grandeur du pays, tout le monde va avoir les mêmes règles, les mêmes idées, les mêmes façons de travailler. Donc, je pense que ça peut être très positif de cette façon-là. »
Cela est vu d'un très bon œil pour les entraîneurs du pays, notamment au Québec. C'est le cas de l'entraîneur de l'équipe de football des Griffons du Cégep de l'Outaouais, Sébastien Tétreault.
« Le fait qu'il y ait une loi à la grandeur du pays ferait en sorte qu'un thérapeute d'une province peut travailler avec des athlètes d'une autre. Et si le protocole est pareil partout, cela pourrait faciliter la tâche dans les équipes provinciales ou nationales, où on ne travaille pas toujours avec le même type de coach », rappelle-t-il.
Les organisations sportives auront jusqu'à un an pour mettre en place les différents éléments de cette loi.
Avec des informations de Geneviève Garon et de Louis Blouin