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Il y a 25 ans, un immense feu de forêt menaçait Baie-Comeau

nuage de fumé.

Grand feu de Baie-Comeau en 1991.

Photo : SOPFEU

Radio-Canada

Sur la Côte-Nord, l'incendie qui fait toujours rage à Fort McMurray ravive de nombreux souvenirs. Il y a 25 ans, trois immenses feux ravageaient la région. Le panache de fumée qui s'en échappait a recouvert les villes de cendre jusque dans les maritimes. Le plus imposant brasier, appelé le grand feu de Baie-Comeau, a même plongé la ville dans l'obscurité totale en plein jour.

Un texte de Roxanne SimardTwitterCourriel avec la collaboration de Marlène Joseph-BlaisTwitterCourriel

L'été 1991 est un moment que plusieurs ne sont pas près d'oublier. Avec une superficie de 2000 kilomètres carrés, le grand feu de Baie-Comeau a été l'un des plus importants brasiers à survenir sur la Côte-Nord.

claude Tremblay

Claude Tremblay, directeur de la SOPFEU à Baie-Comeau.

Photo : ICI Radio-Canada

Cet incendie a marqué la carrière du directeur de la SOPFEU à Baie-Comeau, Claude Tremblay.

« Il y avait un sentiment de nécessité absolue, pas comme quand on combat un feu ordinairement. Là, on protégeait nos municipalités », se rappelle-t-il.

À l'époque, il était responsable des opérations à la Société de conservation de la Côte-Nord. Il a donc combattu directement ce grand feu.

Il tombait des cendres quotidiennement. C'est sûr qu'il s'est créé un sentiment, pas de panique, mais de crainte profonde.

Une citation de Claude Tremblay, responsable de la lutte contre les incendies sur la Côte-Nord en 1991
Infographie


Rappel des faits

Le 13 juin, un feu de nature accidentelle se déclenche pendant des opérations forestières au nord de Pessamit. Dans les jours qui suivent, la foudre déclenche plusieurs petits feux au nord de Baie-Comeau, dont deux prennent de l'ampleur. Rapidement, les trois incendies se rejoignent et deviennent un seul et même brasier, qui s'approche dangereusement de Pessamit, Ragueneau et Baie-Comeau.

Le 26 juin, la fumée enveloppe Baie-Comeau et la ville est plongée dans le noir en plein après-midi. Quelques jours plus tard, les citoyens de Pessamit et de Ragueneau sont évacués de manière préventive.

Il s'en est fallu de peu pour que ça se rende plus loin, même jusqu'aux portes de Baie-Comeau, parce qu'il y avait peu de choses qui pouvaient arrêter ça.

Une citation de Claude Tremblay

C'est seulement à la mi-octobre que le brasier a officiellement été déclaré éteint, mais il y avait encore des points chauds en forêt. 

Un travail de « guérilla »

Le feu était trop important pour être éteint complètement. L'équipe d'intervention devait donc se concentrer sur le contrôle du brasier, jusqu'aux prochaines pluies. Claude Tremblay se souvient d'ailleurs du moment où lui et son équipe ont réalisé qu'en seulement une journée les feux de foudre ont rejoint celui plus au sud.

« J'avais demandé à un chef de base d'aller sur la partie nord du feu pour voir où il était rendu et là il nous a dit : c'est fait. C'est rejoint. Ça, ç'a été vraiment marquant. [...] De penser que ces feux-là, qui étaient à 40, 50, 60 kilomètres de distance, vont se rejoindre, c'était difficilement imaginable. »

Claude Tremblay explique que 80 % du travail consistait à limiter la progression du feu vers le sud, c'est-à-dire vers les endroits habités.

« C'était un peu de la guérilla. On intervient rapidement là où on pense qu'il a le plus de chance de progresser et, quand les conditions sont trop sévères, on se retire. On a joué au chat et à la souris tout l'été », précise-t-il. 

Selon lui, c'est principalement la nature qui a empêché le feu de se rendre jusqu'à la ville de Baie-Comeau. 

Un nuage de fumée sur la Côte-Nord

Le grand feu de Baie-Comeau en 1991 a atteint 2 000 km2.

Photo : SOPFEU

Pour les pompiers, cette « guérilla » a été très difficile. Au total, près de 350 personnes ont lutté contre cet incendie.

« On n'était pas dans un emploi normal. On était un peu en mode survie, ou en mode urgence. [...] Y avait personne pour te remplacer, tu pouvais pas abandonner », ajoute Claude Tremblay.

Baie-Comeau plongée dans l'obscurité

Le 26 juin est sans doute la journée la plus marquante de l'été 1991. Vers 14 heures, il faisait nuit noire dans la ville, tellement la fumée était dense.

« Ç'a été l'obscurité pratiquement totale. [...] C'est surprenant, c'est comme un peu l'apocalypse quand on voit un nuage qui s'approche comme ça. C'est là qu'on voit qu'on n'est pas gros sur cette planète-là », raconte un citoyen de Baie-Comeau, encore impressionné de cette journée.

Ciel en plein jour.

Le 26 juin, en plein jour, le ciel était complètement noir à Baie-Comeau.

Photo : SOPFEU

« On avait ça qui arrivait au-dessus de nous autres. On avait un peu le sentiment proche de fin du monde », se souvient Claude Tremblay.

« On était 150 hommes dans la cour et on aurait pu entendre voler une mouche. C'était vraiment très impressionnant. C'est des moments assez inoubliables », avoue le directeur de la SOPFEU.

Claude Tremblay

Le directeur de la SOPFEU, Claude Tremblay, pointe la zone du grand feu de Baie-Comeau.

Photo : ICI Radio-Canada

La superficie de forêt détruite par le feu a atteint 200 000 hectares.

Si on partait de Baie-Comeau et qu'on s'en allait avec une route d'un kilomètre de large, on se rendrait jusqu'à Regina.

Une citation de Claude Tremblay

Et si ça arrivait aujourd'hui?

Si un tel feu survenait aujourd'hui, le directeur général de la base de Baie-Comeau croit que la situation serait différente puisque les Sociétés de conservation ont maintenant été remplacées par la SOPFEU. Selon lui, il y aurait donc plus de pompiers à l'oeuvre pour combattre le feu.

« Le système d'aujourd'hui est plus performant. On ne protège pas un territoire unique, mais le Québec. [...] On aurait les meilleures compétences de la province, un maximum d'aide de toutes les bases principales. C'est sûr que ce serait plus facile », affirme Claude Tremblay, tout en précisant que malgré tout, ce feu dépassait la capacité humaine.

Claude Tremblay croit que les événements de Fort McMurray ont fait revivre cette catastrophe à de nombreuses personnes. « Fort McMurray a réveillé ça cette année. Plusieurs anciens pompiers de la Côte-Nord ont vécu ça avec un pincement particulier. »

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